Pourquoi toutes ces cachoteries autour de la Rotonde ?

Dans la torpeur d'une soirée d'hiver, dans le ronron des lectures monocordes de projets à la rédaction volontairement absconse, le député-maire Les Républicains sait très bien qu'il peut quasiment faire adopter n'importe quoi par sa majorité (voire à l'unanimité)

 Ce fut le cas ce lundi 14 décembre dernier quand l'adjointe au commerce lut avec une application toute scolaire le texte de la délibération n°6 portant sur la passation d'un bail commercial pour le restaurant de la Rotonde...

Un détail aurait pu retenir l'attention des conseillers pas encore assoupis à cet instant. A savoir que pour cette affaire en apparence toute simple, il avait fallu pas moins de cinq pages d'explications, pas toutes vraiment indispensables, avant d'arriver à la conclusion. Qui veut trop expliquer veut souvent tromper...

Avec l'aplomb qui lui est coutumier, Marina Ferrari n'hésita pas, à plusieurs reprises, à affirmer que ce bail allait être signé avec une société, oh, une bien modeste SARL, dont le siège social, on était priés de la croire, était situé à Aix les Bains. Qui donc aurait osé protester contre le fait que, une fois devenue propriétaire des murs de la Rotonde, la Ville décide, sans la moindre mise en concurrence préalable, de confier le bail commercial à une société aixo-aixoise au (petit) capital de 7 600 euros et dont la restauration et le débit de boissons étaient les activités déclarées.


Seulement voilà, le siège social de la SARL Anthony n'a jamais été situé à Aix les bains, ni même en Savoie, mais... en Haute Savoie, à Saint Jorioz plus précisément.
Aix les Bains est seulement le siège de l'établissement principal de la société, pas son siège social. Seulement voilà, l'activité déclarée de la SARL Anthony n'est pas la restauration ou le débit de boissons mais la location de terrains et autres biens immobiliers comme on peut s'en assurer sur l'extrait du registre du commerce ci-dessous.

D'accord, on nous dira que tout cela n'est pas grave, que le mensonge n'est pas bien gros, certes mais cela suffirait peut-être à entacher de faux la délibération adoptée à l'unanimité le 14 décembre... Mais c'est surtout sans compter sur le mensonge par omission. Ainsi il est prétendu dans cette délibération, ou au moins laissé entendre faute d'autres précisions, que c'est avec une petite SARL (indépendante) que Dominique Dord a (âprement bien entendu et à grands renforts d'avocats payés par les contribuables) négocié le bail commercial du restaurant de la Rotonde.
Or, on est loin, très loin, de cette idée, du moins si l'on s'en réfère à un article publié il y a quelques années dans l'ECO des Pays de Savoie.


Cet excellent magazine économique nous informait que c'était le groupe Restoleil qui avait mis la main sur le Restaurant de la Rotonde. Par la même occasion, l'ECO nous rappelait que ce groupe était le propriétaire et le gérant d'une quarantaine d'affaires du même modèle. L'ECO nous précisait qu'avec la Rotonde, c'était le cinquième établissement de centre ville sur lequel le groupe Restoleil mettait la main.
Depuis cet article de l'ECO, le groupe Restoleil n'a cessé de progresser puisqu'il gère aujourd'hui une soixantaine d'établissements du même style, la majeure partie dans le Sud-Est de la France mais aussi dans le Nord, en Normandie et dans le Sud-Ouest. Et naturellement, à la tête de ce groupe on trouve ce remarquable homme d'affaires qu'est Michel Porcel. Lequel Michel Porcel est aussi le gérant de la SARL Anthony à qui Dord vient de céder le bail commercial de la Rotonde.

Et là, on se pose une question. Alors que Dord ne cesse de se vanter de ses relations avec les grands groupes (Vinci, Bouygues, Grosse et autres Accord ou Pierre et Vacances ) pourquoi n'a-t-il pas cru utile de préciser aux élus du conseil municipal et à la population aixoise que c'était le groupe prestigieux Restoleil qui avait définitivement mis la main, et pour pas bien cher, sur le seul établissement de ce style que possédait la Ville?

Bon. On a une petite idée de la réponse mais il est encore prématuré de l'avancer.