L'étendard est levé contre l'opération

Enfin, on finissait par désespérer. Mais lundi soir, à travers un point de presse, deux mouvements aixois ont tenu à faire savoir que l'annonce de la future implantation d'une blanchisserie industrielle sur le territoire de la commune leur posait quelques problèmes. Il était temps, la procédure de pseudo enquête publique devant s'achever le 1er février et après...

Les "Amis de la Terre" et le porte parole d'un groupe d'opposition municipale (Unis et Citoyens) ont uni leurs voix ce lundi soir devant la presse locale aixoise. Objectif: tirer la sonnette d'alarme et alerter l'opinion sur les risques que ferait encourir l'installation, aux limites d'Aix et de Mouxy, d'une blanchisserie industrielle. Plutôt que des longs discours, les intervenants ont préféré puiser dans les documents officiels pour donner une idée de ce qui attend le bassin aixois en cas de réalisation de ce projet.

Ainsi, selon la société Elis à l'origine de ce projet, une telle blanchisserie consommerait 200 000 mètres cubes d'eau (potable) par an, soit l'équivalent de la consommation d'une population de quatre à cinq mille habitants. Ainsi, dans le compte rendu de la commission de la CALB en date du 24 juin dernier on peut lire que "Cette usine produira une charge polluante équivalente à 7 945 habitants en pointe (...) Le raccordement de la blanchisserie (au réseau) se traduirait par une accélération de l'usine (de retraitement) avec un dépassement des capacités théoriques de traitement dès 2018". Inutile de dire que ce rapport a été prestement enterré et en tout cas pas commenté par le président de la CALB. Il est vrai aussi qu'on pouvait y lire que "le Conseil d'Exploitation s'étonne de voir surgir un dossier d'une telle importance avec une échéance aussi proche et une décision de raccordement sur le système déjà acté". Point, fermez les guillemets.

Autrement dit, avant de consulter les techniciens et les commissions, le maire, président de la CALB, aurait déjà décidé que l'usine se ferait et qu'elle se raccorderait aux réseaux publics. Et pas de discussion, c'est un ordre. En toute transparence et démocratie bien entendu. A ce stade, on serait en droit de se demander pourquoi Dominique Dord a-t-il fait preuve d'un tel empressement. D'autant plus, comme le précise le même rapport de la commission que "la collectivité n'a pas l'obligation de prendre à sa charge ces effluents et il serait possible en théorie de demander à Elis de construire sa propre station d'épuration". Rien n'obligeait donc le maire-président à accorder à Elis l'accès aux réseaux publics, surtout sans la moindre contrepartie financière...

Opération "Blanchissons, blanchissons, il nous en restera bien quelque chose"

Tant de générosité de la part de l'ex-trésorier de l'UMP (l'homme qui n'a pas vu passer 28 millions d'euros) ne manque pas d'interpeler, surtout quand l'un des intervenants à la conférence de presse fait remarquer que l'implantation d'Elis à Aix risque non seulement de ne pas créer d'emplois mais plutôt d'en supprimer puisque "à ce jour, le linge concerné (par Elis) est déjà traité soit localement par de petites unités internes (blanchisserie des Thermes, hôpitaux, établissements d'accueil) soit par d'autres groupes (accord, bmb, dauphin blanc, carmin, etc).
En d'autres termes, le linge qu'Elis va traiter, d'autres vont le perdre. Et personne n'est en mesure d'évaluer les pertes d'emplois que cela va entraîner.

D'autres arguments ont également été avancés lundi soir qui démontrent que le projet ne prend pas en compte les spécificités de la région aixoise mais, de surcroît, qu'il ne tient pas compte des nouvelles conditions environnementales. Comme le faisait remarquer un des représentants des Amis de la Terre, le projet Elis ne comporte aucune technique utilisant des énergies renouvelables. De même que rien de concret n'a été prévu pour réduire la consommation (et le rejet) d'eau alors que des techniques innovantes existent qui ont fait leurs preuves.

Pour toutes ces raisons, et bien d'autres, les intervenants se sont étonnés à la fois de la précipitation avec laquelle le maire d'Aix les Bains, président de la CALB, s'était engagé aussi formellement aux côtés d'Elis, et de la grande discrétion médiatique qui, depuis, entoure l'opération.  Et les intervenants ont promis de ne rien lâcher. La contestation vient-elle juste de commencer? 

Sur le même sujet, voir aussi le précédent article (l'Elis dans la vallée) du 26 janvierL'Elis dans la vallée