On vient d'apprendre la disparition de notre confrère avec qui, chaque matin, on avait plaisir à échanger quelques informations. La nouvelle nous a surpris car nous nous côtoyions depuis des années et il nous avait toujours paru en pleine forme, sauf peut-être récemment où il souffrait de quelques absences. Pendant toutes ces années, on aurait même pu envier ses couleurs et sa façon de se renouveler, même si nous n'étions que de quelques années seulement son aîné.
Hélas, il faudra désormais nous habituer le matin à ne plus cliquer sur son adresse internet pour vérifier s'il ne nous avait pas "grillés" sur une information (ce qui n'arriva pas souvent, convenons-en). Sa présence était néanmoins une saine émulation.
Nous partagions le même désir de démystifier la prétendue information distillée par d'autres. Nous avions en commun le même souci de démythifier les personnages que la presse classique papier élevait en mythes. Chacun à notre manière, nous étions des adeptes de la célèbre formule de Beaumarchais "Sans la liberté de blâmer, point d'éloge flatteur, il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits". Sans le dire, nous avions fait nôtre la devise du Canard Enchaîné qui proclame que "la liberté de la presse ne s'use que si l'on ne s'en sert pas". Et l'on aurait sans doute pu ajouter que "Notre façon de plaisanter, c'est de dire la vérité, car c'est la meilleure plaisanterie au monde", si nous n'avions pas oublié le nom de l'auteur de cette jolie maxime.
Bref, hier matin, avec beaucoup de pudeur, nos amis de aixlesbains-info ont annoncé leur intention de se retirer sur la pointe des pieds en prévoyant (avec humour) de ne revenir que le jour où le député-maire aurait tenu la plupart de ses promesses (ce qui ressemble à une disparition définitive et à une mort programmée). Depuis, on se sent un peu seuls pour défendre toutes les vertus rappelées supra. Malgré notre immense tristesse (on espère qu'on n'en fait pas un peu trop!) on va essayer de tenir le coup et de continuer à décrypter l'actualité locale.
Par exemple en commençant par reproduire un article paru dans le dauphiné libéré de dimanche dernier:
Puis en le commentant à l'intention de ceux qui n'auraient rien remarqué.
Alors qu'il était question de "mettre à l'honneur" l'ancien maire d'Aix-les-Bains, qui c'est qui s'est mis au premier rang de la photo? C'est l'ineffable député-maire actuel, celui qui ne veut jamais laisser la vedette à personne, pas même à un mort. On remarquera aussi que si D. Dord est bien visible, il n'en va pas de même pour la "plaque commémorative" dont on devine à peine la présence en arrière plan de la photo sans pouvoir y lire quoi que ce soit. On constatera également qu'à cette occasion, ils n'ont pas été nombreux les membres de la famille de l'ancien maire à faire le déplacement pour la photo, si peu nombreux que, pour faire nombre, ils sont allés rechercher... un retraité de la Ville ayant travaillé sous l'autorité de André Grosjean. Ça ne s'invente pas! Enfin, on s'arrêtera sur ce que D. Dord a déclamé ce jour-là à propos de son prédécesseur: "Il avait un tempérament de feu mais il n'était pas rancunier. C'était quelqu'un de très positif". Refermons les guillemets sur cette saillie pleine d'une sincérité tellement feinte.
Alors, histoire de remettre les boeufs devant la charrue et de ne pas trahir la "vraie personnalité" d'André Grosjean, voici un extrait de ce que ce dernier écrivait en 2008 à propos de son successeur, dans une lettre imprimée et diffusée (à ses frais) à quelques centaines d'exemplaires:
Voilà qui méritait bien l'inauguration d'une plaque commémorative, non? Sans rancune!
Eh, oui, notre façon de plaisanter, c'est de dire la vérité. C'est la meilleure plaisanterie au monde.
(ça y est, on se souvient: c'est de George Bernard Shaw. Ah, l'humour british !)