Ni pour, ni contre, bien au contraire

Petite leçon de louvoiement politique

A ceux qui n'ont pas encore compris ce qui se passait depuis deux mois autour d'une déchéance de nationalité qu'une large majorité de Français dit approuver mais dont tout le monde se fout comme de sa première abstention, voici, à peine résumée et en tout cas non déformée, l'explication du raisonnement du député-maire Les Républicains d'Aix les Bains. Un type exemplaire.

Chapitre 1: Au lendemain des attentats du 13 novembre dernier, devant le Congrès (Assemblée nationale + Sénat) réuni à Versailles, le président de la République annonce son intention d'inscrire dans la Constitution la déchéance de nationalité pour les terroristes. Comme ses collègues parlementaires Dominique Dord se lève et applaudit à cette initiative. Les âmes simples applaudissent, à leur tour, à ce bel élan d'unanimisme
.

Chapitre 2: Deux mois plus tard, l'ineffable Dord, croyant sans doute surfer sur le bon vent et la bonne vague de l'opinion publique déclare: "La déchéance de nationalité pour les terroristes, j'y suis totalement favorable".

Des âmes simples en déduisent qu'il va donc adopter le projet de loi lors de son passage à l'Assemblée nationale.


Chapitre 3: En vertu de quoi, dès le lendemain, interrogé sur ce qu'il fera lorsque le sujet viendra en débat à l'Assemblée nationale, Dord déclare qu'il est contre le projet de loi consistant à inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution.

Les âmes simples en concluent que le député de Savoie va voter contre
ce projet.

Chapitre 4: Mais 24 heures plus tard, les mêmes âmes simples apprennent que le député-maire d'Aix les Bains était absent de l'hémicycle au moment des débats et qu'il n'a pas participé au vote sur le projet de déchéance.

Moralité: Dominique Dord vient de mettre au point la formule:
Je ne suis ni pour, ni contre
. Bien au contraire.

A 15.000 euros de revenus net par mois, que voilà encore une belle leçon de démocratie.