Riviera aixoise : Derrière le personnage politique il faut toujours chercher le promoteur immobilier

Plus le bobard est gros, plus il a de chances d’être cru


Pour comprendre la recette il faut d’abord bien en observer les ingrédients. D’abord, il y a eu cette invitation pressante à faire rentrer les communautés de communes de la Chautagne et de l’Albanais dans la communauté d’agglomération aixoise rebaptisée pour la circonstance "Grand Lac". Puis a été lancée l’idée, qui pouvait paraître saugrenue, de faire « racheter » le lac par cette prochaine communauté. Enfin, pour adoucir tout cela d’une touche de miel, un grand moment de rigolade avec le nouveau slogan selon lequel Aix-les-Bains (sans tirets) allait devenir une destination touristique que le monde entier nous envierait.
Il ne reste plus maintenant qu’à agiter tout cela doucement, puis plus fermement, à laisser frémir, voire même à faire bouillir (d’indignation) quelques opposants -ça donne plus de goût- avant de laisser reposer le temps nécessaire. Et l’on verra peut-être enfin surgir « La Riviera des Alpes ».

Voilà qui mérite une explication. Le 30 décembre 2006 (entre deux réveillons !)  une loi, adoptée par la majorité de droite à laquelle appartenait le Grand Baratineur aixois, modifiait le code de la propriété publique. Cette modification prévoyait désormais la possibilité pour l’Etat de se séparer de son domaine public fluvial (et lacustre) au profit des collectivités locales. Une sacrée aubaine dont on se demande pourquoi notre Grand Baratineur n’a pas tout de suite tenté de profiter en réclamant la propriété du lac du Bourget ?

Au moins deux raisons à cet atermoiement. Premièrement, la loi prévoyait que ce transfert de propriété devait se faire prioritairement au profit de la Région concernée et c’est seulement si la Région y renonçait que d’autres collectivités pouvaient y prétendre. La région Rhône-Alpes étant passée à droite en décembre dernier, ce verrou a sauté. Deuxièmement, il fallait que toutes les collectivités riveraines du plan d’eau concerné soient favorables et associées à ce transfert. Ce sera chose faite en janvier prochain quand l’Albanais et la Chautage auront rejoint la CALB. Il n’y aura alors plus aucun obstacle à ce que la CALB, rebaptisée « Grand Lac », demande à l’Etat de lui céder (gratuitement, c’est la loi) la propriété du Lac du Bourget.
Ça y est, maintenant tout le monde a compris pourquoi Dominique Dord a beaucoup œuvré et manœuvré pour que les communautés de communes de Chautagne et d’Albanais rejoignent la CALB alors qu’elles-mêmes n’en ressentaient ni l’envie ni la nécessité.. ?

A nous les promoteurs!

Reste à répondre à la question : dans quel intérêt la collectivité locale réclamerait-elle à tout prix la propriété d’un lac domanial dont elle profite actuellement sans bourse délier puisque c’est l’Etat qui paie les fonctionnaires chargés de le surveiller ou de l’entretenir ? Réponse : mais pour être libre d’y faire à peu près tout ce qu’elle voudra, pardi!
Par exemple, aujourd’hui, pour créer un nouveau port, ou une marina, ou un investissement sur le lac même, il faut en passer par l’Etat qui risque de dire non. Demain ce ne sera plus le cas puisque le pouvoir sera entre les mains du seul président de Grand Lac. Autre exemple : aujourd’hui la Loi Littoral interdit de construire des immeubles autour d’une marina à moins de cent mètres du rivage. Mais ce qu’une loi nationale a fait, une loi pourra d’autant mieux le défaire que le domaine concerné ne relèvera plus de l’Etat. (
A noter que la Loi Littoral connaît déjà des exception dans les Alpes en raison de la Loi Montagne qui fait double emploi et qui est plus favorable aux promoteurs). Alors, vous la voyez venir, maintenant, la Riviera aixoise ?

Bien sûr, notre Grand Baratineur va jurer ses grands dieux qu’il n’en sera rien et que ses intentions sont aussi pures que l'eau du lac ! On peut le croire sur parole. Comme on l’a cru en 2001 quand il a promis qu’il allait redynamiser les Thermes nationaux et leur rendre leur lustre d’antan. Alors que pendant toutes les années qui ont suivi, il a habilement manœuvré pour les privatiser, cela pour, finalement, ne récupérer que les anciens bâtiments désaffectés qu’il s’apprête à livrer aux promoteurs immobiliers et autres amateurs de bonnes affaires. Certains Aixois ne sont d’ailleurs plus dupes au point que même le très sage Essor Savoyard a rapporté une formule que l’on entend de plus en plus souvent dans la ville et alentour :

Dans ce domaine, et dans ce domaine surtout, il faut reconnaître au député-maire une belle constance. En quinze ans, pas un are de terrain privé appartenant à la ville n’aura échappé à la promotion immobilière et au béton. Maintenant qu’il ne reste plus grand-chose à négocier sur la terre ferme, il se tourne logiquement vers le lac. A la place des résidents qui ont acheté très cher des appartements en front de lac à 200 mètres du rivage, on commencerait à se demander si demain leur vue imprenable ne risque pas d’être un peu gâchée. Car Dord a de la suite dans les idées, mêmes celles qui paraissent les plus farfelues. Peut-on alors se rappeler qu’il y a quelques années, il avait lancé l’idée d’une marina sur l’esplanade, face au camping du Sierroz ! Or, quel serait l’intérêt d’une marina si elle n’était entourée de jolis immeubles de quatre ou cinq étages et d’appartements avec terrasses ? Un peu comme sur... La Riviera !
Capito ?


A suivre : Aix-les-Bains parmi les villes les plus romantiques d’Europe ? MDR!