suite de l'article mis en ligne le 29 février
Ce matin-là, sur le chantier de la voie verte, l'un des conducteurs de travaux souriait en montrant l'épaisseur du remblai: "Vous croyez qu'on avait besoin de poser un mètre de remblai pour créer une voie cycliste? Ici, c'est fait pour accueillir plusieurs tonnes à l'essieu!". Un peu plus loin, c'est un technicien supervisant l'adduction d'eau qui confirmait " A mon avis, on va pouvoir raccorder plusieurs centaines de logements à la conduite qui a été posée...". Plusieurs centaines de logements, c'est ce qui se dit aussi dans le lotissement de Cotefort où les langues se délient...
La nature des travaux ne laisse vraiment aucun doute sur leur destination réelle.
Hier, nos amis d'aix-info ressuscité rappelaient que Dominique Dord, pour justifier le rachat des Anciens Thermes par la Ville, avait naguère promis que ces bâtiments seraient destinés à développer les services publics. Demain, le même Dord devrait annoncer que Bouygues va réaliser dans ces Anciens Thermes des logements (privés) et des commerces.
Dans le même style, en juin et en décembre dernier, Dord assurait que les travaux que la CALB allait entreprendre à Cotefort c'était juste pour réaliser une voie verte. Comme la plume au vent, souvent Dord varie, bien fol est qui s'y fie!
Certes, à Cotefort, il va bien y avoir une voie verte. Mais pas seulement. Il est désormais évident que la CALB n'aurait pas commandé une route capable d'accueillir des véhicules de plusieurs tonnes si c'était juste pour y faire circuler les vélos et des piétons. Il est tout aussi évident que la CALB n'aurait pas financé une adduction d'eau susceptible d'alimenter trois cents habitations, voire davantage, uniquement pour rafraîchir les promeneurs. Tout comme elle n'y aurait pas non plus fait réaliser, à grands frais, un séparatif (eaux usées, eaux pluviales) alors que la moitié d'Aix-les-Bains en est encore dépourvue. Donc, c'est désormais une certitude, la voie verte n'aura été qu'un prétexte à la viabilisation d'une zone de plusieurs hectares
Et c'est là qu'on commence à se poser des questions...
Que Dord n'ait pas annoncé franchement la vraie raison de l'opération voie verte, on s'y est habitués. Qu'il ait profité des travaux pour réaliser les divers réseaux nécessaires (assainissement, eau, électricité) n'aurait pas non plus été surprenant si les terrains environnants avaient appartenu à la collectivité publique. Or, quand on consulte le cadastre, on constate que sur les trois ou quatre hectares concernés par la première tranche (car il y en aura une seconde), la CALB et la mairie en possèdent, ensemble, moins de 10%. Plus curieux encore, on s'aperçoit que la voie verte traverse des terrains qui sont encore des propriétés privées*. On s'aperçoit aussi qu'un même propriétaire possède, à lui tout seul, près de la moitié de la zone qui va être rendue constructible.
Cadastre: les parcelles appartenant à la CALB ou à la mairie sont marquées d'un point rouge. La voie verte traverse et "dessert" donc essentiellement des propriétés privées*
Et là, brutalement, on se rappelle ici qu'un lecteur, voici quelque temps, nous avait évoqué les "âpres" discussions entre Dord et l'un des futurs gagnants à ce loto immobilier. Un propriétaire que le maire-président trouvait à l'époque "trop gourmand", sans que l'on sache s'il s'exprimait à titre privé ou à celui de président.
Quoi qu'il en soit, la question mérite d'être soulevée: était-ce bien à la CALB de faire réaliser, aux frais des contribuables, la viabilisation de terrains privés* afin de les rendre constructibles.
La réponse? On l'attend sans impatience. En effet, puisque que demain va se tenir une réunion du conseil municipal, nul doute que le député-maire en profitera pour dissiper tous les malentendus et apportera toutes les précisions nécessaires sur cette curieuse affaire immobilière. Au cas où le maire négligerait ce détail, on sait que l'on peut compter sur un élu de base pour lui poser, très courtoisement, la question?
Quand même, une voie verte qui va finalement desservir trois cents logements, voilà qui ne devrait pas laisser insensibles ceux qui, en juin et en décembre derniers, avaient approuvé à l'unanimité une délibération qui ne faisait aucune référence à cette future destination. (rires).
Note aux benêts: Sans le transfert de la voirie du lotissement de Cotefort dans le domaine public communal, l'opération immobilière n'aurait pas été possible. En effet, les réseaux électriques de la voie verte vont se raccorder au transformateur... du lotissement. Pareil pour l'alimentation en eau potable qui traverse aussi le lotissement. Quant aux réseaux d'évacuation, ils empruntent aussi ceux du lotissement avant de rejoindre les réseaux publics. Un résident, lui avait bien compris le jeu et pendant des années il s'était opposé à l'opération. Il a finalement cédé après avoir obtenu de Dord satisfaction sur d'autres points. Alors, dans cette histoire, Kicékicéféberné?
* Selon le cadastre mis à jour à la date du 25 février 2016