Encore une histoire de con

ou quand le maire-Ubu se laisse perturber par les sens!


Dans le Royaume d'Ubu-Dord les citoyens se partageaient en trois catégories, les toujours con-tents, une toute petite minorité mais remuante et bruyante souvent regroupée sous des appellations trompeuses (UPA, SAHA, etc); les jamais con-tents, des gens non constitués mais dont le nombre ne cessait de croître; et les con-templatifs, encore appelée la majorité silencieuse, c'est à dire ceux qui attendaient de savoir de quel côté le vent allait tourner pour se prononcer. Grâce à quoi, le député-maire, quand il était en petit comité, ne manquait jamais de rappeler avec humour "je gouverne pour des cons".

L'une des particularités d'Ubu-Dord c'était de confondre démocratie avec démagogie. Ainsi, dès que les intérêts supérieurs de ses amis les promoteurs et autres rois du béton n'étaient pas en jeu, le député-maire s'évertuait à complaire à celui qui, dans la ville, crierait le plus fort. Les exemples ne manquaient pas à l'image de ce qui se passe actuellement dans la pourtant tranquille avenue du Petit Port, dans sa partie ouest.

Depuis qu'Ubu-Dord avait transformé l'ex-cité thermale en une cité dortoir, on ne mesurait plus les dégâts provoqués par le surcroît de circulation automobile. Un jour, fatigués de voir leur rue étroite devenir une sorte d'autostrade, quelques riverains de cette rue, qui n'a d'avenue que le nom, s'en étaient émus auprès du député-maire. Lequel avait alors chargé ses services de trouver un remède à cette situation. Ni une, ni deux, sans prévenir personne et sans la moindre con-certation préalable, des barrages furent installés interdisant toute circulation automobile dans le sens est-ouest sur toute la longueur de la voie. Découvrant les faits, des riverains d'une rue adjacente firent front commun contre cette décision. Ubu-Dord, convaincu de leur bonne foi, leur donna raison et rouvrit la route sur une cinquantaine de mètres pour permettre aux récalcitrants de rentrer chez eux sans avoir à rajouter un kilomètre de trajet. Grâce à quoi on croyait l'affaire définitivement résolue.

En effet, pendant quelques semaines, les riverains de l'avenue du Petit Port mise en sens unique semblèrent contents de retrouver un peu de sérénité grâce à un nombre de véhicules journaliers divisé par deux. Et la situation aurait pu, aurait dû, se pérenniser si... Si le flot d'automobiles ainsi déviées n'était venu embouteiller considérablement, aux heures de pointe, le giratoire de Mac-Do (au passage, rappelons que Mac-Do est l'une des plus belles réussite d'Ubu-Dord grâce à laquelle l'entrée de la ville d'Aix les Ba
ins ressemble désormais à tout ce que l'on rencontre dans les banlieues commerciales y compris les plus déshéritées). Eh, oui, Ubu-Dord avait négligé ce détail. Qu'à cela ne tienne, après huit semaines d'une expérience qui satisfaisait les riverains, les services municipaux ôtèrent toutes les barrières et tous les panneaux provisoires afin de rendre à l'avenue du Petit Port ses deux sens de circulation. Faire, défaire, refaire et re-défaire, c'est toujours travailler.
Toutefois, ce retour à la situation antérieure ne fut pas du goût de ceux qui avaient goûté, provisoirement, à la tranquillité. Alors, depuis ce vendredi 3 juin, de nouvelles banderoles ont fleuri dans l'avenue pour crier au scandale, certaines allant même, quel affront pour le maire Ubu, se gausser de sa prétentieuse Riviera des Alpes:



Au Royaume d'Ubu-Dord on a l'humeur changeante mais le plus versatile c'est encore celui qui trône à l'hôtel de ville. L'on peut donc s'attendre à de nouveaux revirements de sa part dans les prochaines semaines. A moins qu'il ne préfère accorder un point de presse à son ubussien quotidien local pour fustiger ceux qui ne pensent pas comme lui ou ne sont pas capables d'anticiper ses changements d'avis.
En attendant, que de modestes citoyens osent ainsi brocarder la Riviera des Alpes qui devrait être leur fierté et pour laquelle Ubu-Dord avait tant dépensé de leur bon argent, cela avait de quoi interroger le bon sens.

Merdre alors, se serait écriée la Mère Ubu.