Chronique de la « haine » pas ordinaire

Ah, si les Aixois savaient cela...



C'est un document étonnant, ébouriffant, époustouflant. Un document officiel. Un document comportant 18 pages accompagnées de 72 pièces annexes et destiné à obtenir la révocation d'un cadre de la mairie d'Aix les Bains. Un document que tous les Aixois devraient pouvoir lire tant il révèle les misères et les vicissitudes, les combines et les arrangements, un climat à la fois délétère et fait de suspicion, de lâchetés, d'accommodements avec la loi, beaucoup de suffisance et d'insuffisance et surtout, par dessus tout, de gabegie. De la gabegie à ne plus savoir qu'en dire, sinon le mépris de l'argent des contribuables qui règne dans cette mairie. C'est un document signé Dominique Dord:


Si ce document de 18 pages ne mettait pas méchamment en cause l'honneur et la compétence d'un homme, il faudrait le diffuser en feuilleton pour que les Aixois commencent à comprendre ce qui se passe derrière la façade de l'hôtel de ville. Un feuilleton qui expliquerait aussi pourquoi le maire se comporte parfois comme si il était l'otage de quelques cadres qui font la pluie et le beau temps en son absence. Un document qui semble s'attacher à démontrer que certains, à l'abri des murs épais, se comportent comme si la Stasi avait fait école. Tout comme au bon (sic) temps de l'Allemagne de l'Est, on y découvre que l'espionnite est de mise partout, que chacun fait des rapports sur tout le monde, que ces rapports sont précieusement conservés pour être un jour ressortis, y compris de leur contexte, y compris 15 ans plus tard, pour détruire celui qui en était la cible.
C'est affolant.


Si les faits qui sont décrits dans ce document de 18 pages étaient exactement conformes à la réalité, ils révèleraient comment, avec un peu d'influence, un peu de chantage, un peu de connivence aussi, des cadres ou des employés peuvent obtenir des primes indues, des avancements immérités en échange de se taire... Comment ils peuvent utiliser à loisir des voitures de service comme si elles étaient les leurs, se servir, même sans droit, de la carte de carburant de la mairie, et prétendre en plus se faire rembourser de leurs frais kilométriques! Comment l'administration offre à des agents des stages, à plusieurs milliers d'euros l'unité, qui ne correspondent ni à leurs aptitudes ni à leur fonction. Ce document révèle une telle accumulation de fraudes, de mauvaise foi et de comportements douteux que si quelqu'un cherchait une définition et un contexte pour le mot "foutoir", c'est, à en croire ce document, vers la mairie d'Aix les Bains qu'il devrait se tourner. C'est tellement incroyable qu'on est parfois tenté de penser que tout ce que le document contient est vrai. Mais...

Mais il y a tant d'excès, et pas seulement de zèle, dans cet acte d'accusation, que l'on est aussi enclin à se demander si il ne tombe pas volontairement dans l'exagération pour mieux noircir ce cadre dont la mairie, après l'avoir supporté, chéri, vanté, surpayé, après lui avoir passé ses caprices, après lui avoir accordé tous les avantages, y compris indus, auxquels il prétendait, quand après ces 15 années-là qui ont coûté si cher à la collectivité, la mairie a enfin (?) décidé de s'en séparer.

Oui, il y a dans ce document trop d'accusations pour paraître sincère. Et surtout trop de passion et de mauvais sentiments. Trop de facilités, trop de noirceur. Trop de trop. Pour preuve, ce passage:


"Ce journaliste polémiste dont on connaît la haine à l'encontre du maire".

Halte là! Trop c'est trop. J'ai alors envie de m'écrier, m'adressant au maire et à ses sbires: connaissez-vous la définition des mots que vous employez? La haine. Avez vous consulté un bon dictionnaire?


Combien de fois faudra-t-il vous le répéter. La haine est un sentiment que je crois n'avoir jamais éprouvé envers qui que ce soit. Alors, moi, de la haine envers le "turlupin" de la politique qu'est le maire d'Aix les Bains? Que nenni, que jamais. De l'amusement, parfois, de l'agacement, souvent, du courroux quelquefois... Mais de la haine? Non, monsieur. Bien sûr, cela l'arrangerait bien de faire croire que si on le critique c'est parce qu'on le hait. Mais ce n'est pas le cas. Pas le mien en tout cas. La haine est un sentiment si fort que je reste persuadé que ce turlupin ne le mérite pas.

Par contre, si ce document de 18 pages est une synthèse du climat qu'il a créé ou toléré au sein de cette mairie, bien loin de la haine, c'est de la compassion que je vais finir par éprouver...

J.G.


 (à suivre, bien sûr)