Il n'y a pas qu'en Corse...

A Aix aussi nombreux sont ceux qui n'en font qu'à leur guise. Mais impunément...


En Corse quelques petits connards aux origines exogènes se sont crus autorisés à privatiser une plage publique. Ce ne fut pas du goût des autochtones. Qui les en blâmerait? Une bataille rangée s'en suivit. Personne ne peut s'en féliciter. D'autant moins qu'il s'en faudrait de peu pour que cette histoire ne se transforme en guerre de religion. Pire, en guerre ethnique. En même temps que le non respect de la loi, cette privatisation du domaine public révélait à la fois chez leurs auteurs un sentiment de toute puissance et un fort mépris des autres. Mais il n'y a pas qu'en Corse et il n'y a pas que de petits connards aux origines exogènes pour mépriser la loi et les autres.

Samedi 20 août, 11 heures, avenue d'Annecy à Aix les Bains. C'est jour de marché, les places de stationnement sont rares et la circulation est importante dans le centre ville. Aujourd'hui, pour acheter une botte de poireaux et une baguette, la voiture paraît incontournable. Dans le sens nord sud la circulation est bloquée.

Des coups de klaxon rageurs retentissent. Face à la boulangerie, un véhicule de tourisme, immatriculé 73, est arrêté sur la voie de circulation. Personne à bord. Derrière, la file des voitures s'allonge. Il faut attendre que la circulation dans l'autre sens se calme pour que les voitures bloquées derrière tentent de le contourner par la gauche, non sans jeter des regards hostiles vers le véhicule gênant.

La scène se répète pendant de longues minutes. Intrigué par cette voiture grise bloquée sur la voie de circulation, sans personne à bord, sans feux de détresse, un cycliste s'est arrêté. Il imagine que le véhicule a dû tomber en panne à cet endroit et que Monsieur (ou Madame) Padechance, son propriétaire, doit être bien ennuyé. Il scrute les environs à la recherche du possible conducteur de la voiture qui continue de bloquer la circulation alors qu'il suffirait de la pousser un peu pour que tout s'arrange.
N'écoutant que son sens de la solidarité le cycliste s'en va poser son vélo contre une façade un peu plus loin. A peine il se retourne qu'il aperçoit un homme qui, sans se presser, se dirige vers la dite voiture, ouvre la portière et s'installe au volant. C'est un homme d'une soixante d'années qui porte barbe et lunettes. Le cycliste se dirige vers lui pour lui proposer son aide. Il n'en aura pas l'occasion. Une fois au volant, l'homme lance le moteur et démarre au nez d'un autre véhicule qui s'apprêtait à le contourner. Et c'est comme cela que notre cycliste découvre que le retraité barbu à lunettes avait laissé sa voiture au milieu de la route le temps de faire quelques emplettes dans le coin, sans se soucier du reste. Et tant pis pour les automobilistes qui, ne comprenant pas qu'on pût se comporter de la sorte, avaient patienté de longues minutes derrière son véhicule avant d'entreprendre une (dangereuse parfois) manoeuvre de dépassement. Bref, ce n'était pas Monsieur Padechance qui avait abandonné son véhicule mais Monsieur Groconnard.

Tout comme les petits connards de Corse s'étaient cru autorisés à privatiser une plage pour leur seul bon plaisir, Monsieur Groconnard aixois n'avait pas hésité à privatiser la rue le temps de faire quelques courses. Sans doute partant du même principe: je suis ici chez moi, je fais ce que je veux et j'emmerde les autres. Et comment voudrait-on après cela que des petits cons, voyant cet exemple, ne se comportent pas aujourd'hui comme des sauvageons. Hélas, l'attitude de M. Groconnard aixois tend à se répandre dans une ville où le "moi d'abord" a remplacé le déjà peu charitable "chacun pour soi". Avec des conséquences qu'on ne tardera pas à mesurer.
Quand on sait ce qui se passe dans cette ville, on ne serait d'ailleurs pas étonné d'apprendre que M. Groconnard fasse partie des 30% d'électeurs qui votent encore pour l'équipe politique en place. Voire même qu'il ait adhéré à quelque structure parasite comme la très politisée UPA, l'union pour Aix, devenue l'union pour ma pomme...

Ah, un dernier détail: malgré l'embouteillage, malgré de nombreux et bruyants coups de klaxons qui ne pouvaient pas manquer d'attirer l'attention, on n'a pas vu l'ombre d'un uniforme de la police municipale se profiler à l'horizon. Sans doute les (rares) fonctionnaires de service ce matin-là étaient-ils trop occupés à verbaliser quelque automobiliste de passage ayant "oublié" de déposer un ticket de stationnement derrière son pare-brise.

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