Les
politiques nous prennent tous pour des cons. Qui n’a pas prononcé ou entendu
cette formule lapidaire semblant être devenue le cri de ralliement des
citoyens à la veille des élections ?
Ils nous prennent pour des
imbéciles, c’est pas faux. Mais
fallait pas non plus leur donner des gages de notre stupidité...
Notre bêtise, ils commencent à en prendre la mesure dès le soir de leur élection. (Passons sur
les braves gens qui croient encore que ce genre de pratique relève de la
démocratie alors que ce n’est qu’une mascarade et un jeu de dupes. Est-ce qu’un
an avant mai 2012 une majorité de citoyens français aurait eu l’idée
saugrenue d’aller chercher François Hollande dans sa Corrèze pour lui demander
de bien vouloir être leur président ? Ou encore, quel Aixois aurait
stupidement pensé, pour veiller sur les affaires municipales, à aller chercher, dans sa retraite de la Motte-Servolex, un type sans aucune
compétence dont même les Chambériens n'avaient pas voulu ? Fermons la
parenthèse).
Un truc devrait pourtant attirer notre attention. Le soir d’une élection, on
dit de celui dont le nom sort des urnes qu’il est le « gagnant ». Cela pourrait nous mettre la puce à l'oreille, mais non!
Alors que le résultat du vote devrait être notre
victoire, à nous autres électeurs qui avons fait le boulot en votant, le seul et véritable « gagnant »
c’est celui (ou celle) que l’on a désigné. Tout est déjà dit. Dès lors le
« gagnant » va pouvoir s’en donner à cœur joie. Président de la
république ou maire de la commune, le gagnant dispose désormais d’un pouvoir
plus absolu que les monarques de l’ancien régime. Pendant cinq (ou six) ans, ce roitelet va
pouvoir faire ce que bon lui semble sans jamais être contrarié par ceux qui l’ont
installé sur ce trône.
Plus il sera incompétent et plus il se lancera dans des
aventures, guerrières pour le président, immobilières pour le maire. Au point
que l’on pourrait mesurer l’incompétence d’un président ou d’un maire à l’aune
du nombre de conflits ou de projets immobiliers dans lesquels l’un ou l’autre
nous ont stupidement engagés.
Mais notre bêtise de citoyens ne s’arrête pas là, tant nos signes
d’allégeance et de complaisance envers le « gagnant » ne cessent de
nous rabaisser et de le conforter dans sa toute puissance. N’en retenons pour unique démonstration que la fameuse cérémonie
annuelle des vœux. Ou comment nos nouveaux roitelets ont réussi à transformer
cette tradition sympathique en une manifestation de soumission à leur égard.
Ainsi, c'est eux qui veulent nous présenter leurs vœux mais c’est à nous de nous déplacer pour
les entendre! Et c'est eux qui décident le jour et l’heure et le lieu du rendez-vous. Pas question d’arriver
en retard car les portes seront fermées. Quand nous serons tous entrés bien sagement, ils nous feront patienter, car
eux ne sont jamais à l’heure. Puis il nous faudra supporter leur discours, leurs
fausses promesses, leur éternelle autosatisfaction, leurs rodomontades aussi,
leur suffisance, le contentement d’eux-mêmes. A la fin, ils recueilleront, avec fausse
modestie, nos applaudissements spontanément obligés. Après, et après seulement, on aura droit de
se partager chichement quelques amuse-bouche de piètre qualité, arrosés d’un
liquide de même facture. Peut-être même aurons nous le privilège de serrer la main de notre roitelet qui condescendra à se mêler enfin à nous. Et alors, bien respectueusement, on lui dira merci pour cette réception, sans même prendre
conscience que c’est nous qui payons tout cela. En oubliant que c'est aussi nous qui le payons, lui, par la même occasion. Et que c'est lui qui devrait être notre obligé et nous dire sa gratitude. Et pas l'inverse.
Et c'est là une pitrerie qui se renouvelle chaque année.
A ce sujet, comme elle est symbolique la convocation que le maire d’Aix les Bains a envoyée à ses
administrés pour les attirer à ses voeux. Le pauvre vieux barbu, en rouge à gauche, qui peine à traîner
son fardeau de cadeaux, représente sûrement l’électeur contribuable. Quant au type en
costard, à droite, avec une belle tête de prédateur à la mine gourmande et qui cache ses mains derrière son dos (pour
une fois que ce n'est pas dans ses poches), à qui nous ferait-il penser ?
Cette ostensible moquerie n'empêchera pas quelques centaines de gentils gogos de se déplacer dans le froid lundi soir pour constituer la cour de notre roitelet local.
Et nous nous étonnons qu’après cela nos roitelets nous prennent pour des cons?
Fallait pas leur donner autant de raisons de le croire...
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