Grâce au châtelain de Brison, ça « cotefort » pour l'immobilier! Ça cote même très fort !

Au grand jeu de l'attrape-couillon, des gagnants et des perdants

Suite de l'article mis précédemment en ligne sur la voie verte de Cotefort

Ci-après la reproduction d'un article paru ce dimanche dans le supplément immobilier de notre très cher dauphiné (libéré?).


Cet article annonce un programme immobilier de 52 appartements, les Reflets du Lac, situé sur la route de Saint Innocent. Livraison programmée en janvier 2019. Un projet soutenu par Cogedim, une des plus grosses boite immobilière de France avec ses multiples succursales, et monté par le cabinet d'architecte aixois Chaneac, nous précise le supplément du daubé. Quant au nom de Dominique Dord, il n'apparaît à aucun moment dans l'article, comme si il était totalement étranger au projet. Et pourtant, sans le rôle prépondérant joué par Dord dans cette histoire, l'histoire immobilière en question aurait-elle jamais vu le jour? On va le vérifier.



Les terrains sur lesquels va naître ce projet immobilier (le premier d'une longue série) étaient encore inconstructibles il y a peu. Pour les rendre constructibles il a fallu bien plus qu'un simple concours de circonstances.

Il a d'abord fallu une modification très substantielle du PLU, le Plan Local d'Urbanisme. Ce fut chose faite à l'automne 2015. La CALB et son président Dord ayant la haute main sur le PLU, les choses en furent facilitées. D'autant plus facilitées que le vice-président chargé, à la CALB, du PLU, c'est le maire de... Brison-Saint-Innocent, un fidèle (et un voisin) de notre châtelain local.

Des terrains à l'origine enclavés

Une fois ces terrains classés en zone AUD, restait le plus difficile, à savoir les rendre accessibles à ce qu'on appelle les VRD, voies et réseaux divers. Or il s'agissait de terrains totalement enclavés et sans aucun accès, ni à la voie publique, ni aux réseaux d'eau, d'assainissement, d'électricité ou autres. Et surtout des terrains appartenant à différents propriétaires pas capables de se mettre d'accord pour réaliser eux-mêmes, et à leurs frais, ces travaux coûteux...
Et c'est là que se situe l'intervention de notre châtelain de Brison. Comme disait un riverain: si ces terrains lui avaient appartenu (ou étaient susceptibles de lui appartenir) notre roi de l'immobilier n'y aurait pas mis plus de coeur à l'ouvrage*... Un tel dévouement suscite sinon le respect du moins l'intérêt.


Ce projet immobilier était, on l'a vu, parsemé de chausse-trappes. Pour le mener à bien, cela nécessitait non seulement de la persévérance mais aussi de l'influence. Il fallait commencer par séduire quelques riverains secondaires, lesquels, subodorant le mirifique projet immobilier final, voulaient, eux-aussi, avoir leur part du gâteau. Afin de désenclaver le secteur et faire déboucher les fameux VRD, il fallait obtenir le passage à travers... l'ancien lotissement de Cotefort, situé en contrebas. Or, les parcelles et les voiries de ce lotissement constituaient une propriété tout ce qu'il y a de privé et les copropriétaires n'avaient rien à gagner, sinon beaucoup à perdre, à en céder le moindre droit de passage. Une solution est alors apparue: faire entrer ce domaine privé dans le secteur public au motif de la réalisation d'une voirie publique, en l'occurrence la fameuse voie verte. On commence à comprendre?

Humour sarde ou sardonique

Ainsi fut lancée l'idée séduisante d'une voie verte, prétendument réclamée par les cyclistes et les piétons. Qui aurait osé s'opposer à cela? Or, par un fait du hasard (?), cette voie verte devait impérativement prendre naissance dans l'ancien lotissement de Cotefort, avant de traverser les terrains récemment classés en AUD, pour rejoindre la route départementale. Quelques uns des 37 copropriétaires de ce lotissement, dont l'accord unanime était indispensable, ne se laissèrent pas facilement convaincre de céder la propriété de la voirie à la collectivité publique. Qu'à cela ne tienne, une autre solution se présentait. Puisque certains ne voulaient pas vendre, il suffisait de décider de "transférer d'office", et sans la moindre indemnité, la voirie privée dans le domaine public. Une procédure parfaitement légale mais qui ne s'applique d'habitude qu'à la demande expresse des riverains ou par nécessité absolue, ce qui n'était pas le cas en l'occurrence.
Une fois âprement négocié l'abandon par un riverain de ses velléités d'un recours en justice, il ne restait plus à Dord qu'à convaincre les élus municipaux aixois d'accepter ce transfert dans le domaine public. Ce fut un jeu d'enfant pour notre grand enfumeur local qui fit valoir que cette procédure était la condition sine qua none à la réalisation de la fameuse voie verte. Une voie que, soi-disant, tout le monde réclamait à cor et à cri. 
Dans la chaleur d'un été 2015 naissant, le conseil municipal aixois acceptait à l'unanimité ce transfert de propriété. Que ne ferait-on pas pour une voie verte.
Il est vrai que, pour emporter l'assentiment de tous, le maire avait ajouté un peu de sentimentalisme en prétendant, ce qui est loin d'être avéré, que cette voie verte aurait correspondu à l'ancienne voie sarde. A défaut d'humour sarde, on va mettre cette plaisanterie dordienne sur le compte d'un humour sardonique, les deux sens ayant la même origine...


Il ne restait plus alors à Dord qu'à convaincre (humour) les élus de la CALB de voter les travaux pour la réalisation de cette voie. Une formalité. La décision fut adoptée, là encore à l'unanimité, par ces braves gens. Et personne ne protesta en découvrant qu'en même temps que la voie verte (tellement réclamée par les cyclistes et les piétons, ah, ah, ah) la CALB allait aussi financer d'importants travaux d'adduction d'eau potable, d'un réseau d'assainissement, d'un réseau d'électricité et son indispensable raccordement au transformateur EDF de l'ancien lotissement. Voire financer un sous-sol et un enrobage susceptibles de supporter le passage de camions de plus de trente tonnes, ceci sur une voie prétendument destinée aux seuls cyclistes et piétons. Il est vrai qu'il n'est pire aveugles que ceux qui ne veulent pas voir.

Bref, à coups de patience et d'enfumage, Dominique Dord venait de réussir ce prodige: faire réaliser, de bout en bout, et entièrement sur des fonds publics, la viabilisation de plusieurs hectares de terrains totalement privés pour le plus grand profit de leurs propriétaires. Des terrains privés, à vocation agricole, dont la valeur se trouvait ainsi plusieurs fois décuplée en devenant constructibles.
Quand la cote d'un terrain arrive à grimper de 10 à 250 euros le mètre carré en quelques mois, on peut vraiment dire que ça cote... fort
à Cotefort! Une belle affaire, n'est-il pas?

Donc, dans cette affaire de voie verte qui conduit à un projet immobilier, on connaît déjà quelques uns des gagnants, les propriétaires des terrains concernés et les promoteurs.
Et les perdants, alors..?

à suivre: une voie verte ouverte à la circulation automobile

* A noter que D. Dord a toujours affiché une certaine attirance pour ces terrains de Cotefort. Lors d'un précédent mandat de maire, il avait même caressé le projet de les faire racheter par la collectivité au motif d'y transférer le camping municipal du Sierroz. Devant l'incohérence du projet, il avait finalement renoncé. Ce qui se passe aujourd'hui dans ce secteur est en train de prouver que notre châtelain de Brison a de la suite dans les idées. Patience et persévérance ne sont pas ses moindres vertus.

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