Notre tyranneau de banlieue et sa majorité prosternée

Ah, si un jour les Aixois s'éveillaient..!


      Electeur aixois en pleine réflexion avant de voter.

On croirait un chapitre écrit à partir de l’expérience aixoise tellement il nous rappelle des vérités qui, ici, nous hérissent le poil. Il y est question d’élus qui « tiennent le suffrage universel pour un couronnement même quand il les a désignés par dépit ». Pas de doute, ça ressemble bien à ce qui se passe au bord de notre grand Lac...

La suite semble même le confirmer : « Aussitôt élu, le vainqueur croit l’être sans partage : son mandat ne saurait avoir de limites. Trop de maires, plutôt dans les villes où l’argent n’est pas rare (comme à Aix !), se comportent en tyranneaux, imposant à des majorités prosternées des choix qu’ils ont seuls inspirés. Le maire n’est plus seulement le premier, il est le maître et tout doit s’incliner quand il commande. Ainsi se constituent des féodalités qui engraissent : familiers et entourages pléthoriques contribuent moins au service de la collectivité qu’à s’assurer des prébendes. Cela se paye d’une docilité sans faille (...) Aussi peut-on concevoir que nos nouveaux seigneurs s’arc-boutent à leur siège (...) Car le luxe crée l’accoutumance ; l’habitude s’en prend aisément et ces privilégiés n’imaginent plus vivre comme la plupart de leurs électeurs. Quel délice de passer les portes sans avoir à les pousser et, tels des Ceaucescu de banlieue, d’étaler leur nom et leur image pour donner corps à leurs mérites... »

Ces quelques lignes sont extraites des pages 12 et 13 d’un petit opuscule rédigé par l’ancien procureur de la république, Eric de Montgolfier. A le lire, on pourrait effectivement croire que l'auteur a pris pour modèle (ou pour cible) le conducator aux commandes d’Aix les Bains depuis trois lustres.
 

Quelqu'un peut-il encore douter que Dominique Dord se comporte en « tyranneau en imposant à sa majorité prosternée des choix qu’il a lui tout seul inspirés »? De nombreux exemples le confirment. En voici, la liste n'étant pas exhaustive.
- Qui, à part Dord, a décidé que les Thermes nationaux (Chevalley) ne valaient pas plus d’un euro ?
- Qui, à part Dord, a décidé de racheter (très cher) des anciens Thermes inutiles et en ruine pour les refiler, en perdant de l’argent, à une société immobilière désignée par lui-seul ?
- Qui, à part Dord, a décidé qu’une société d’esthétique, qu'il avait fait venir à Aix, paierait un loyer ridicule pour occuper, en toute illégalité, un bâtiment public ?
- Qui a décidé, à part Dord, qu’un employé dont il voulait se débarrasser (pour des raisons de moins en moins obscures) avait été reconnu coupable, alors que c’était faux ?
- Qui a décidé de céder la plupart des biens immobiliers municipaux, comme récemment les 250 logements de la Saemcarra, sans mise en concurrence, à des bénéficiaires choisis par lui-seul ?
Les exemples pullulent, comme dirait Montgolfier. La suite de l'exercice n'en est que plus affligeante..

Car, qui, face au tyranneau de banlieue, s’est incliné à chaque fois en se prosternant? Sinon cet « entourage familier et pléthorique » lequel, pour « s’assurer des prébendes » a voté les yeux fermés tous ces petits accommodements, faisant ainsi montre « d’une docilité sans faille ».
 
Oui, c’est bien le système aixois que l’auteur de « On ne peut éternellement se contenter de regarder les cadavres passer sous les ponts » a décrit, entre autres, dans ce petit ouvrage.

Mais tout cela se paye un jour. Tels un vulgaire Fillon, contraint et contrit de demander publiquement pardon pour avoir rémunéré sa femme avec des fonds publics, les « tyranneaux » de banlieue finissent souvent par être pris à leur propre jeu de dupes. Et c’est la spirale. Infernale. Car tout finit un jour par éclater et alors c’est la débandade, le chacun pour soi, le sauve-qui-peut.

A Aix-les-Bains, aujourd’hui, des langues se délient et des consciences se réveillent. On rencontre, sans avoir à les solliciter, des membres du petit personnel qui s’offusquent, haut et clair, du fossé qui sépare la « classe dirigeante » de la plèbe. Qui s’indignent de constater que des cadres, à peine mis à la retraite, sont immédiatement réembauchés et cumulent ainsi, en plus de leur pension, des prébendes dont le montant ferait pâlir d’envie tout cadre débutant. Qui ne s’étonnent même plus de constater que tel autre cadre, qui naguère régnait sans partage sur les personnels et leur niveau de rémunération, s’endort aujourd’hui dans un placard doré. Et si chacun devine la faute qui a conduit cette personne à être mise à l’écart, personne ne se demande pourquoi elle n’a pas, purement et simplement, été priée de quitter la mairie. Partagerait-elle
trop de secrets inavouables ?

E. de Montgolfier consacre aussi, dans le même ouvrage, un chapitre à la fameuse réserve parlementaire qui, selon lui, « ouvre un soupçon identique ». Il est vrai que chaque député dispose de 130.000 euros pour se constituer « des obligés ou les confirmer dans d’heureuses dispositions ».
A ce sujet la liste des bénéficiaires des largesses de Dord (avec notre argent bien sûr) est très riche d’enseignements. Cela fera l’objet d’un prochain article qui ne manquera pas de surprendre tant l’éclectisme (l’électoralisme ?) de Dominique Dord est sans limite.


 

Il est tellement content de lui-même.


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