Quand on étudie les
comptes-rendus des réunions du conseil municipal aixois, une évidence saute aux
yeux : André Gimenez n’est pas le plus farouche opposant de Dominique
Dord. Les fois où le chef de file socialiste a voté contre des décisions
proposées par le maire Les Rép. doivent pouvoir se compter sur les doigts de la
main. Quant aux approbations, elles ont été souvent accompagnées de quelques mots
de félicitation. C’est dire si c’est à fleuret moucheté que l’élu de gauche a
commenté le bilan à mi-mandat, ces trois ans de pouvoir absolu de droite à Aix-les-Bains...
De ces trente-six mois passés à devenir le béni-oui-oui d’une majorité
de droite, l’élu socialiste n’a guère que des lieux communs ou des peccadilles
à reprocher.
En gros, ça se limite au constat d’une urbanisation trop intensive
et au peu d’enthousiasme du maire à accorder quelque crédit à un projet de
« tram-crémaillère » entre la ville et le Revard pour une bagatelle
de 150 millions d’euros ! En dehors de cela, rien sur la liquidation du
patrimoine, rien sur les entorses régulières à la loi, rien sur la gabegie
financière. Juste une petite plainte récurrente sur le fait que lui ne touche
rien de la mairie, contrairement aux adjoints et conseillers délégués. Rien qui
fâche vraiment...
Tel un Macron qui prétendrait succéder à F. Hollande en le
critiquant sans le critiquer, Gimenez semble croire qu’il pourrait devenir un
jour maire à la place du maire sans trop l'attaquer et avec son consentement. C’est en tout cas ce qu’a compris, lui aussi,
le rédacteur du daubé qui a assisté à la conférence de presse du camp
socialiste aixois. Voici d’ailleurs comment cette ambition a été relatée dans
le quotidien local :
Eh, oui, il ne doute de rien, Gimenez. Avec
ses 13% de voix obtenues en 2014 et les deux élus (dont lui même) de son groupe
(sur 35 conseillers) il ne doute pas qu’il va pouvoir renverser la situation à
son profit. Il est vrai que, dans ce genre d’arnaque, lui et son
« compère » Dord ont déjà fait très fort. C’était en janvier dernier,
à l’occasion de l’élection des vice-présidents de la communauté d’agglomération.
Ce soir là, lors de la désignation du président, la gauche, divisée, avait fait
le plein de ses voix, une douzaine se portant sur ses deux candidats, dont 8 pour
Gimenez. Autant dire qu’avec 12 voix maximum sur 70 votants, les carottes
semblaient cuites pour la gauche lors de l’élection des vice-présidents. Et
pourtant, lors de la désignation de la vice-présidence aux Transports, Gimenez
proposa sa candidature. La surprise fut grande : avec 32 voix sur 64
suffrages exprimés, l’élu de gauche se retrouva à égalité avec sa concurrente
de droite. A une voix près il était élu. Cela signifiait qu’au moins une
vingtaine de voix de droite s’étaient portées sur son nom.
Immédiatement les
regards se tournèrent vers les 20 élus de droite de la ville d’Aix les Bains. A
l’évidence, ce ne pouvait être qu’eux qui avaient apporté leurs voix à Gimenez.
Au tour suivant, c’est grâce à un remords de conscience d’un ou deux délégués de son
camp (ou à un règlement de compte d’élus de gauche) que la candidate de droite
fut élue, à une voix près. Gimenez venait de passer tout près du nirvana.
Est-ce à dire qu’il avait réussi à convaincre la majorité des élus aixois, de
son « travail sérieux, continu, tolérant et efficace » comme il le
proclame aujourd’hui si modestement ? Pas vraiment, non !
En fait il est probable que tout avait
été monté avec la complicité de Dominique Dord dont on avait pu découvrir
l’amical aparté qu’il avait accordé à
Gimenez lors d’une interruption de séance. Cette version peut d’autant
moins être utilement contredite que des éléments subjectifs viennent la
corroborer. Ainsi, un mois avant le coup d’éclat manqué à la CALB, lors d’un vote en mairie d’Aix pour la désignation des délégués
communautaires, trois voix s’étaient portées sur Gimenez alors que, avec lui
même, il ne disposait que de deux représentants. Autrement dit, une voix de la
majorité de droite s’était déportée vers le socialiste. Probablement pour
assurer son élection au cas où sa colistière aurait eu des doutes sur sa
sincérité et aurait préféré voter pour l’autre liste de gauche...
Une autre
information vient à l’appui de cette thèse. C’est sans doute un fait rarissime
dans ce genre d’élection mais lors du vote à la communauté d’agglo pour la
vice-présidence aux Transports, la postulante de droite, était absente. Ne pas
être présent pour un élu lors d’une élection censée le consacrer, ce n’est pas
banal. Une seule explication plausible à cette curieuse dérobade: la dame avait
été informée de ce qui se tramait et « on » lui avait conseillé de ne
pas venir pour éviter une probable humiliation publique.
Sachant que Dord règne encore en maître absolu sur sa majorité, rien
ne permet de supposer que ce micmac se serait effectué dans son dos. Il est
même sûrement celui qui a piloté le coup.
Mais de là à penser qu’une pareille comédie pourrait se rejouer lors de la
prochaine ( ?) élection d’un nouveau maire (en remplacement de Dord démissionnaire pour cause de non-cumul),
c’est quand même une autre paire de manches. Mais l’important n’est-il pas que
Gimenez continue d’y croire et qu’il soit encore tout docile... Au moins
jusqu’à sa prochaine désillusion ?
Quand on a pareil adversaire en face de
soi, c’est sûr qu’on doit avoir envie de le garder longtemps. L’on peut en
effet trouver à Dord tous les
défauts du monde, personne ne pourra jamais lui reprocher de ne pas savoir
jauger et manipuler les guignols qui l’entourent. Avec Gimenez, il s’est trouvé
la marionnette qu’il fallait pour jouer en duo avec celle de l’extrême droite.
Vous savez, ce Serge Gathier (FN) qui s’est arrangé, en décembre 2016, au détriment de son propre camp, pour que celui de Dord puisse compter deux délégués communautaires de plus. Encore une
belle arnaque, celle-là passée trop inaperçue.