EAGLe... Parce que ça passe et ça rapace

La guerre de succession ne va pas cesser, c'est sûr!


C'est une des astuces de LAREM que l'on retrouve un peu partout dans les villes moyennes ou plus grandes.
A savoir, monter des structures (apparemment sans attache politique) dans le but d'implanter localement le parti présidentiel à l'occasion des prochaines échéances municipales.

La communauté d'agglomération aixoise n'a pas échappé à cette règle.
Ainsi est née En Avant Grand Lac, EAGL pour les intimes.

EAGL tenait ce lundi sa première réunion publique.

D'entrée le président et les animateurs de la soirée ont admis qu'ils étaient tous des soutiens de de la première heure d'E. Macron. Ce dont nul ne doutait parmi la quarantaine de personnes présentes dont, à l'évidence, une bonne moitié partageait le même engagement. Mais le président s'empressa de préciser qu'en dépit de ces attaches EAGL serait totalement in-dé-pen-dant de tout parti politique. Défense de rire.

A noter la présence dans la salle, en observateur, de l'attaché parlementaire de la députée En Marche (T. Degois), preuve, bien sûr, de l'indépendance du mouvement.
On notait aussi la figuration de l'un des toutous zélés de Beretti, venu là pendant quelques minutes sentir l'ambiance afin de rencarder son maître. On pouvait enfin repérer deux ou trois supporters de l'actuelle équipe municipale, lesquels n'allaient pas tenter de rappeler combien Aix-les-Bains était très bien gérée. C'est sans doute à l'intention de ces derniers que l'un des organisateurs de la soirée crut  bon de rappeler que l'on n'était pas là "pour faire des critiques mais des propositions".
Mais ça, c'était avant que les premières banderilles ne fussent lancées...

Les présents étant plus proches des CSP+ que des bénéficiaires des minimas sociaux, on se retrouvait donc "entre soi" pour ce premier débat public. Comme le fit remarquer un des participants (un peu isolé dans son genre), le public présent ce lundi soir était loin d'être représentatif de la population aixoise (ou Grand Lacienne).
Et c'est sans doute une des difficultés que va rencontrer EAGL face au "populisme" éhonté du camp d'à-côté.

Le catalogue que l'on redoute

Pour tout observateur neutre, un inévitable esprit de classe (de caste) allait très vite s'emparer de cette soirée. 
Afin de bâtir un programme électoral cohérent, chacun avait été invité à apporter ses idées pour améliorer les transports dans l'agglomération aixoise. Cela entraîna une
quinzaine d'interventions venues de la salle. Et presqu'autant de propositions différentes qui, si elles étaient retenues, transformeraient le programme électoral d'EAGL en une sorte de gros catalogue que l'on redoute...
Ainsi, une personne à mobilité réduite déplora, à juste titre, les difficultés rencontrées par les personnes handicapées physiques pour se déplacer à partir d'Aix-les-Bains. Tel autre qui se rend régulièrement à Paris en TGV se plaignit de l'absence de parkings gratuits autour de la gare. Un autre qui habitait Brison regrettait qu'il n'y eut pas de transports en bateau pour se rendre à Technolac où il travaillait. Un autre s'indigna du coût prohibitif du TER pour lui qui devait se rendre chaque jour à Lyon pour son travail. Une adepte des transports "multimodaux" expliqua, grosso modo, pourquoi il lui était impossible d'emporter son vélo à assistance électrique dans le train pour se rendre à Grenoble. Quant à celui que sa profession entraînait en Suisse, il regretta que la CALB ne s'associât pas à Annecy pour organiser des transports jusqu'à Genève. Et que dire des services publics d'autobus insuffisants, inadaptés, peu efficaces, tares obligeant ce père de famille à prendre sa voiture pour mener sa fille au lycée. Ou encore de l'indispensable esprit kamikaze (suicidaire?) qu'il faut avoir pour tenter de traverser à vélo le centre d'une ville qui se prétend cycliste. Sans oublier cette remarque d'un habitant du quartier de Puer qui voudrait que le stationnement aux bords du lac soit réservé aux seuls riverains et que les touristes soient dirigés vers des parkings extérieurs "avec des navettes, comme cela se fait au moment de Musilac" ajouta-t-il, sérieux.
Bref, sans aller jusqu'à conclure que tout intervenant pensait d'abord à lui, il devenait évident que chacun voyait des problèmes publics là où lui même rencontrait des difficultés personnelles. A travers son propre prisme...

Une offensive anti intéri-maire?

Une autre évidence venait aussi à l'esprit. Au fil des discussions il apparaissait que tous les intervenants avaient de (bonnes) raisons de se plaindre de l'action (ou de l'inaction) des municipalités actuelles ou passées. Un esprit mal tourné (si, si, il en existe) aurait même pu penser qu'une stratégie pour discréditer l'intéri-maire et sa clique se mettait doucement en place. Cette idée vint d'ailleurs à l'auteur de ces lignes quand, après qu'un intervenant eût (opportunément?) regretté que la CALB (Grand Lac) ne s'était pas associée à Annecy pour organiser des transports publics vers la Haute-Savoie et Genève, l'animateur de la soirée appuya ces propos
en rappelant que Corinne Casanova, la Madame Transports de D. Dord, s'était publiquement prononcée contre une collaboration entre Aix et Annecy, ceci pour des motifs dont le ridicule et la futilité n'étaient pas à démontrer.

Si l'on ajoute à cela que les animateurs de la soirée avaient lourdement insisté sur la nécessité du "renouvellement du personnel politique" à l'occasion des prochaines municipales, on conviendra que l'idée que EAGL prépare une déstabilisation de l'équipe que Dord a mise en place n'est pas si farfelue. Elle l'est d'autant moins si l'on se rappelle que Marina Ferrari figurait  sur la liste LAREM pour les Européennes, qu'elle est une "amie" des organisateurs de EAGL et qu'elle pourrait bien être le Cheval de Troie dans le camp de l'intéri-maire. Et, après tout, elle-même n'a jamais été vraiment aux affaires (une adjointe est aux ordres du maire et révocable par lui) et elle pourrait essayer d'apparaître comme le renouveau attendu...

Rien que pour cela, il va être intéressant de suivre le parcours d'EAGL.

Ah, un dernier détail. Avec un petit "e" en plus, EAGL devient EAGLE., soit "aigle" en anglais. Difficile de croire que les créateurs de EAGL n'y ont pas pensé.
Pourquoi EAGLE? Parce que ça passe.... Et ça rapace!
Au fait, qui se souvient comment l'équipe Dord avait pillé le nid de Grosjean il y a  moins de 20 ans?

La vie politique ne serait donc qu'un éternel recommencement...

Le Marcheur Solitaire

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