L’obsession sécuritaire et le risque de délation. -2ème partie-

Les élus auraient-ils peur pour eux ?


Ce n’est pas si vieux, petit rappel historique.
Il est bon de se remettre en mémoire certains textes, parus après la révolution d’Octobre, repris dans les années 35 en Allemagne. Ce système a été appliqué jusqu’en 1990 par la Stasi en Allemagne de l’Est. 
 A voir et revoir. 

‘’Le pouvoir est nettement amplifié par la création d’importantes structures de réception des plaintes et dénonciations. Un commissariat du peuple prolonge une institution de surveillance et appelle à une collaboration volontaire et consciencieuse des masses paysannes et ouvrières. L’inspection ouvrière et paysanne invite à prendre part à son travail de contrôle, de manière directe, par la création de cellules de collaboration dans les villages et de manière indirecte par l’institution de bureaux des plaintes. Une campagne de presse est organisée sur la fonction de ces instances. Les rédactions des journaux sont invitées à transmettre au Bureau Central des Plaintes toutes les lettres de dénonciations.’’

Pourquoi Beretti propose t-il de créer des citoyens référents pour surveiller leurs concitoyens ? Quel est le vrai problème ?
Beretti, le roi de la sécurité, est à la mairie d’Aix depuis 2008 après avoir été le conseiller stipendié de Dord pendant les années précédentes.
La force d’un régime autoritaire ne réside pas dans la puissance d’un seul homme, mais en mettant un arsenal répressif  entre les mains de quantités de gens insignifiants à qui l’on fait croire qu’ils sont importants ! Et ça fonctionne ! (Relire la 25ème heure de Virgil Gheorghiu au lieu de Gala, avec le Kéké Castaner, sa vie, son œuvre.)
Pendant tout ce temps il s’est comporté comme un petit fonctionnaire exécutant les ordres, pourquoi aujourd’hui prend-il une telle initiative ? Plusieurs hypothèses : on se perd en conjectures.
.  Etant donné que les citoyens ne supportent plus leurs élus qui les ont tant trahis et mis leur pays cul par-dessus tête, peut-être a-t-il tout simplement peur pour sa petite personne et cette peur s’étant transformée en paranoïa, il essaie de se protéger par tous les moyens.
.  Etant en campagne électorale permanente, il veut satisfaire son électorat de vieillards peureux (Et ils peuvent légitimement avoir peur, compte tenu de l’insécurité grandissante.). Beretti se réclamant du gaullisme ils peuvent croire qu’avec lui ils seront protégés !
.  Où, étant dans les arcanes professionnelles politicardes,  est-il au courant d’un certain nombre de catastrophes annoncées qui, compte tenu de leurs gravités, ne peuvent pas être divulguées aux citoyens sous peine de soulèvements populaires ?
.  Dernière explication : peut-être n’y a-t-il tout simplement pas d’explication ! On a tellement vu dans notre ville d’actions municipales qui défient toute logique.

Il n’en reste pas moins que l’appel publié sur le site de la mairie (voir la précédente mise en ligne) n'invite pas seulement les citoyens référents à la dénonciation de graves délits ou de crimes mais comme il est écrit dans l’appel de Beretti, ces citoyens sont aussi appelés à dénoncer les comportements de leurs voisins qui relèveraient de la simple contravention. Et là, on entre dans un autre monde.
Quand on met en place dans une ville un système officiel de dénonciation ce ne peut être qu’avec des raisons  très graves et impérieuses. Ou alors avec de curieuses arrières pensées. Ce qui n’était au départ qu’une simple surveillance  des jardinières à la sortie des boites de nuit, prend une tournure inquiétante qui pose question. Alors?
Aujourd’hui, on ne saurait encore parler de délation ! Mais demain, qu'en sera-t-il, qui peut prévoir qu'un tel système ne dérapera pas?

Avertissement, en politique rien n’est innocent, et la mise en place d’un tel système mériterait que notre bonne presse locale papier mène, pour une fois, un vrai travail d’investigation.

Post scriptum. On ne voudrait pas ici confirmer la loi de Godwin qui veut que plus un débat se prolonge, plus le risque existe d’évoquer une triste période de l’histoire européenne. Néanmoins il n’est pas forcément inutile, toutes proportions gardées, de rappeler que derrière une dénonciation instaurée en règle et gérée par une autorité administrative il existe toujours à terme une possibilité de dérive. Dans les années 1920, en France comme en Allemagne, certaines communautés pouvaient ne pas craindre le regard scrutateur de leurs voisins puisqu’elles n’avaient rien à se reprocher. Hélas, ce n’était plus le cas 20 ans plus tard !
On vous laisse y réfléchir .

BF