Exclusif: Dord a été nommé Conseiller du Président

Moyennant un salaire de 3 000 euros net mensuel


C'est un scoop qui va sans doute laisser les Aixois dubitatifs mais nous pouvons certifier que, comme toujours, nous avons soigneusement vérifié nos sources avant de mettre en ligne.


La nomination de Dominique Dord comme Conseiller du Président, moyennant une rétribution nette de 3 000 euros mensuels, remonte déjà à l'an dernier et l'engagement s'est poursuivi en 2019. On peut penser que cette contribution financière est venue (modestement) compenser le manque à gagner de l'ancien député qui, en ayant perdu son siège de parlementaire avait aussi (surtout?) perdu un salaire net de 5 600 euros et une indemnité de frais de mandat de près de 9 000 euros. Sans oublier son indemnité de maire, perdue, celle-ci, en octobre 2018.


Dord Conseiller du Président (c'est le titre officiel) voilà qui a de quoi étonner, on en convient. D'autant plus que ce n'est pas de n'importe quel Président que l'ancien maire d'Aix-les-Bains est devenu le Conseiller puisque, selon nos informations, il s'agit en réalité du Président de STEVA.

STEVA, ce nom ne dit sans doute rien aux Aixois et il nous avait laissés perplexes nous aussi jusqu'à ce que...

Jusqu'à ce que l'on découvre qu'il existait à Aix-les-Bains un établissement relevant de la société STEVA. Cet établissement, situé dans la zone du Petit Port, consiste en une sorte de MAPA (maison d'accueil pour personnes âgées) mais une MAPA de luxe. C'est un établissement privé comme STEVA en a réalisé quelques autres un peu partout en France et destinés à une clientèle vieillissante plutôt aisée. Mais ce qui nous a davantage surpris c'est quand on a découvert comment STEVA avait choisi son implantation à Aix-les-Bains.

En effet, la fameuse MAPA de luxe de STEVA a été réalisée sur des terrains (certains occupés par de jolies villas) appartenant à la Ville d'Aix-les-Bains. Il y avait notamment un tènement sur lequel était implantée la fameuse Villa Chaberty. Pour ceux qui l'auraient oublié, voici une photo de cette demeure de charme, propriété de la commune depuis des lustres:

Cette jolie villa, idéalement située à deux pas du lac sur un terrain de 1100 m2 se négocierait aujourd'hui autour du million d'euros si elle n'avait été rasée. Pendant des années elle avait gratuitement hébergé un ex-directeur de cabinet de Dord et cadre de la mairie. C'était avant qu'on ne trouve à ce dernier un superbe plain-pied au dernier étage d'un immeuble avec terrasse face au lac, ce qui avait permis à la mairie de vendre le terrain et la villa libres d'occupation. Mais revenons à la transaction immobilière avec STEVA

Comme le confirme l'extrait de la délibération ci-dessous, le président de STEVA avait négocié cette transaction avec un certain Dominique Dord, alors maire de la ville:


Et, allez voir à quel point les coïncidences sont curieuses, en 2018 c'est auprès d'une société dénommée STEVA que le même Dominique Dord est devenu le Conseiller du Président moyennant un salaire net mensuel de de 3 000 euros.
De là à penser que le président de STEVA avec lequel Dord avait négocié la vente des terrains municipaux serait le même que le président de STEVA qui a embauché Dord comme conseiller, il y avait un pas qu'ici on a un temps hésité à franchir. Car il y aurait là comme un sacré hiatus.

Pensez donc: pour un ancien maire, mais toujours adjoint, se faire embaucher à titre privé, au salaire net mensuel de 3 000 euros, par le président d'une société avec lequel, en tant qu'élu, il a négocié et traité un marché immobilier très avantageux pour le bénéficiaire, cela poserait au minimum un problème d'éthique.
Et peut-être pas seulement d'éthique...

Reste à savoir ce qu'en penseraient la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique ou la Justice* si elles étaient informées de ce cas d'école.


NB: Selon la loi, un fonctionnaire ou un élu qui a passé des contrats avec une entreprise doit attendre un minimum de 3 ans avant de recevoir de la part de cette société un avantage ou une rémunération quelconques. Le délai de 3 ans court à partir du moment où les relations entre l'élu et la société ont définitivement cessé. Dans le cas d'une vente avec permis de construire, le délai de 3 ans commence à l'issue de la totalité des travaux prévus, auxquels peuvent être ajoutés 3 mois pour la déclaration de travaux, plus 3 mois pour la certification de conformité signée par le maire. A condition bien entendu qu'il n'y ait pas eu d'autres arrangements entretemps et qui repousseraient le délai triennal.
Néanmoins, à l'aune de ce qui précède on mesure à quel point ce délai de 3 ans est ridiculement court.