Il a été contraint d'abréger une réunion publique

le député-maire sorti connaît sa Roche tarpéienne

Ce siècle avait deux ans et déjà sous Dominique Dord perçait un Rastignac au petit pied. C'est comme cela que je l'avais alors perçu et présenté dans un modeste ouvrage intitulé "Aix-les-Bains la Belle EnDordmie" lequel s'était déjà vendu à quelques centaines d'exemplaires. C'était en décembre 2002. C'était avant que les sbires du personnages n'interviennent auprès des revendeurs ou autres libraires pour qu'ils en cessent la diffusion. Au nom de la liberté d'expression, sans doute.

Dans ce livre je racontais
, sans remonter à des temps immémoriaux, comment depuis des lustres les maires d'Aix-les-Bains avaient quitté le pouvoir sous l'opprobre générale. Ainsi, à la fin des années soixante, n'en pouvant plus de la suffisance et de l'insuffisance de leurs maires successifs, les Aixois étaient allés chercher André Grosjean sur sa colline de Mouxy. Quelques années plus tard, Grosjean le Fromager sombrait corps et biens dans une affaire de Gorgonzola frelaté. Rendu inéligible, il était remplacé par Gratien Ferrari, son adjoint.
Tout se passa bien pour l'ancien principal de collège jusqu'à ce que l'orage lui tombe à son tour dessus. Pour avoir salarié à l'Office de Tourisme des cadres qui travaillaient en réalité pour la mairie, pour avoir laissé son attaché parlementaire (un certain Dord) occuper gratuitement un bâtiment public et autres billevesées, Ferrari fut à son tour cloué au pilori. Il fut ipso facto remplacé par... Par Grosjean, heureux bénéficiaire d'une étonnante rédemption populaire. Toutefois, l'idylle entre le revenant et le bon peuple ne dura qu'un temps
. Accusé d'immobilisme et de gâtisme par celui qu'il avait fait venir près de lui, Grosjean dû céder à Dord son fauteuil de maire, ceci sous les trahisons de ceux qui, la veille encore, lui baisaient quasiment les mains. Et dans le soulagement de presque tous les autres.
A la lueur de ce passé tumultueux, et aussi à l'éclairage des premiers pas dans la vie politique locale de notre Rastignac savoyard, j'avais écrit dans ce modeste ouvrage que Dord prenait le risque de finir, comme ses prédécesseurs, sous le désenchantement, voire sous l'opprobre sinon davantage, de ceux qui, la veille, le portaient aux nues.
Ce temps est venu.
Le Dord tout puissant a d'abord été battu à l'élection législative, davantage en raison de la désaffection de ses troupes que de la valeur de ses adversaires. Plus tard ses colistiers l'ont poussé à abandonner son poste de maire dans les pires conditions, sans même qu'il puisse faire des adieux grandiloquents aux Aixois réunis au Centre des Congrès comme il aurait tant aimé le faire. Ce départ prenait l'allure d'une fuite. Depuis cette démission, on le voit errer de manifestation en inauguration en quête d'un photographe. Il est seul. Ses anciens colistiers lui ont tourné le dos. Il ne leur est plus utile, au contraire. Il ne sera plus sur leur liste prochaine.
Et maintenant c'est la base qui s'exprime et le rejette.

Si l'on peut tromper quelqu'un tout le temps, si l'on peut tromper tout le monde une fois, on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. Ignorant cet adage, l'autre jeudi soir Dord, encore président de la CALB, avait invité les Aixois à célébrer son tout nouveau penchant pour l'écologie et la sauvegarde de la planète. Il a été plus que fraîchement accueilli. Et il a dû affronter, seul, les critiques, les moqueries, les marques de défiance et autres quolibets, le contraignant à abréger la soirée. Même le daubé a été obligé de convenir que l'ambiance était houleuse, c'est dire si l'affront venait de loin.

C'est désormais au tour de Dord de découvrir l'ingratitude de ceux qu'il croyait acquis à sa personne.
Que cette prise de distance vienne des citoyens, il n'était que temps, leur patience et leur crédulité ayant trop longtemps été mises à contribution. Mais que ce retournement de veste vienne de ceux qui lui doivent tout, c'est sans doute bien difficile à supporter pour celui qui s'était pourtant comporté de la sorte avec ceux qui lui avaient mis le pied à l"étrier.
Comme le dirait un certain Balkany s'il avait encore le coeur à se remémorer ses souvenirs étudiants: "La Roche tarpéienne est toute proche du Capitole".
Sic transit gloria dordi



 2ème édition parue en décembre 2002 (également épuisée) dont cet extrait de la page 71. La vie politique aixoise est un éternel recommencement.