Avec les comparaisons et avec le recul, même les plus sceptiques des Aixois devraient finir par se rendre compte de l'énormité de la chose.
Le plus beau, le plus grand, le plus ancien, le plus authentique, le plus vaste par sa surface utile, le plus historique des bâtiments publics de la Ville* a été cédé à un promoteur immobilier exactement au même prix, au cent près, que la collectivité aixoise avait racheté les ruines d'un restaurant, en cessation d'activité depuis des lustres, situé au fin fond de la campagne germano-chambottienne. (Un peu comme une Porsche 956 cédée au prix d'une Twingo de 1995).
Voici les détails de cette histoire incroyable mais vraie.
En 2007, à l'instigation du député Dominique Dord, la communauté d'agglo a acheté les murs d'un restaurant destinés à être rasés compte tenu de leur état de délabrement, le tout planté au milieu d'un pré et d'un bois de taillis à Saint-Germain-La-Chambotte, . Une expertise (sic) a été demandée aux services des Domaines, lesquels ont conclu que ce bien pouvait valoir UN million d'euros en précisant qu'une marge de 20% en plus ne leur paraissait pas extraordinaire. Etonnant, non?
A noter que six ans plus tôt, ce même bien avait été estimé à 220.000 euros par un expert agrée par la cour d'appel de Chambéry.
Qu'a fait la CALB alors qu'il n'y avait aucune autre acquéreur sur le coup et alors que le bien était à vendre, sans succès, depuis bientôt dix ans? Eh bien la CALB a surenchéri de 20% et a payé le prix fort, soit un million et deux cents mille euros, pour devenir propriétaire de ces ruines. Faut-il préciser que le notaire du vendeur était le suppléant du député Dord et que l'un des avocats conseils de ce vendeur était aussi... un ancien député du coin.
On résume donc, en 2007 la CALB acquiert pour 1,2 million d'euros des ruines estimées 6 ans plus tôt à 220.000 euros.
Onze ans plus tard, en 2018, le président de la CALB et encore maire d'Aix-les-Bains a décidé de vendre à un promoteur privé les 40.000 mètres carrés de surface utile (55.000 m2 en tout) des anciens Thermes nationaux. Il s'agit de bâtiments historiques qui font partie du patrimoine aixois depuis deux siècles. Les services des Domaines ont été interrogés et ont répondu qu'ils n'avaient pas besoin d'estimer le bâtiment étant donné que le maire leur avait fait savoir qu'il "devait" le vendre à 1,2 million d'euros, soit le prix fixé par le consortium Bouygues. Et les Domaines, pas fiers, ont accepté ce prix. Authentique:
Voilà. Tout est dit. Pour Dominique Dord, comme pour les Domaines, tout comme pour les zozos du conseil municipal, les 40.000 mètres carrés utiles (55.000 m2 en tout) des bâtiments historiques des anciens Thermes, situés en plein coeur de ville, valent exactement le même prix que des ruines de 450 m2 sises dans un pré inculte au fin fond de Saint-Germain-La-Chambotte.
= ?
Si il existe un seul citoyen de bon sens et non stipendié pour estimer à son tour que les anciens Thermes aixois ne vaudraient pas davantage que les ruines champêtres de Saint-Germain, surtout qu'il veuille bien se faire connaître. On est prêts à publier sa photo et son identité.
A suivre, car l'affaire se complique encore...
* Note aux pas benêts du tout: à ceux-là qui voudraient en savoir plus sur l'histoire des anciens Thermes et la valeur de ce patrimoine, on conseille une visite sur ce très intéressant site: https://journals.openedition.org/insitu/14532 (lien à recopier)