Quand le cauchemar se mue en un rêve inavoué

SOUVENIRS, SOUVENIRS...


Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte... (Victor Hugo)



Ce siècle avait huit ans! Comme dans un canular,
Déjà un rêve enfoui perçait sous le cauchemar... (Opticon)

C'était il y a une dizaine d'années. Autant dire un siècle en politique. Un jeune homme relevait à la fois le front et le défi. Il réclamait la démission de l'usurpateur qui s'était installé à l'hôtel de ville. Il rêvait de remettre de l'ordre et du bon sens dans la ville. S'adressant aux lecteurs d'un grand hebdomadaire national il revendiquait cette étiquette. Il se voulait le cauchemar de Dord:

2008, extrait de l'hebdomadaire L'Express

Les années ont passé. Les traits ont vieilli, la silhouette s'est épaissie, les rêves se sont envolés et avec eux les promesses de coups d'éclat à venir.

Ce dimanche le daubé consacrait toute sa page aixoise au renouveau (sic) du Bois Vidal avec force commentaires élogieux et jolies photos suggestives. Sur l'une de ces photos, seuls ses proches pouvaient identifier celui qui, au loin, grimpait une pente. Que venait-il faire là? Qu'avait-il réalisé de ses mains ou de ses deniers pour figurer sur cette photo, même en arrière plan? Rien. Il n'avait rien fait. Inutile adjoint au maire, il venait juste essayer de tirer un peu de gloire d'un travail réalisé par des mains habiles et financé exclusivement par les contribuables pour près de sept cents mille d'euros. La belle affaire. Cet homme que l'on devinait tellement content de lui, c'était le même, mais avec dix ans de plus, que le jeune homme ambitieux qui rêvait hier encore de chasser Dord et de remplacer sa gestion hasardeuse par une gestion rigoureuse. Hier encore, j'avais vingt ans, chantait C. Aznavour...
Ô la cruelle illustration des ravages du temps qui passe!

Ou comme on dirait chez les Ch'ti:
Min pauv' garchon. Té croyois qu't'allois armette ed l'orde dins l'ville et te v'la in train ed faire el guignol dins un bos. Té voulois ête el cauchemar ed l'aute et te v'la d'venu l'valet dont il n'avoit même pon osé rêver. Et dire qu'el France alle t'a payé des études pour in arriver là.


Et concluons par cette touche de poésie et d'espoir:

Et je sais d'où je viens, si j'ignore où je vais.
L'orage des partis avec son vent de flamme
Sans en altérer l'onde a remué mon âme.
Rien d'immonde en mon coeur, pas de limon impur
Qui n'attendît qu'un vent pour en troubler l'azur !

(V. Hugo, ce siècle avait deux ans)