On pouvait s'attendre à tout avec cette élection municipale. A Aix-les-Bains on n'a pas été déçu. Avec, au final, une désaffection des isoloirs que l'on doit, sans savoir dans quelle proportion, au coronavirus ou à la défiance des électeurs vis à vis d'une démocratie qui bat de plus en plus de l'aile.
En 2014 Dominique Dord avait obtenu les pleins pouvoirs sur la Ville en recueillant sur son nom les voix de moins d'un électeur sur trois. On n'a pas fini d'en mesurer les dégâts
Son successeur a fait pire encore, avec 4.627 suffrages pour 22.666 électeurs inscrits il n'a réussi à convaincre qu'un électeur sur cinq (20% des inscrits). Et avec l'assentiment d'un seul électeur sur cinq, il va devenir le nouveau César de l'ex-cité thermale. Et on appelle cela la démocratie?
La veille de cette élection un premier ministre avait interdit aux citoyens de se réunir, les enjoignant à se montrer responsables. Ce dimanche matin, dans un communiqué largement repris, un éminent professeur de médecine (R. Salomon) avait demandé aux électeurs de ne surtout pas se rendre dans les bureaux de vote, qualifiant de dangereux irresponsables ceux qui ne respecteraient pas cette consigne de sagesse. Ils ont été entendus.
A Aix les Bains, une large majorité d'électeurs se sont montrés responsables en désertant les isoloirs. Ici même, dans le doute on les avait également invités à s'abstenir. Cela nous donne au moins un sujet de satisfaction. De là à qualifier d'irresponsables les 4627 Aixois qui sont allés glisser un bulletin Renaud Beretti dans l'urne, les abstentionnistes s'en feront sans doute une idée.
A l'heure où les "irresponsables" politiques s'interrogent pour savoir si, compte tenu de la crise coranovirussée, il va falloir, ou pas, annuler le second tour, voire annuler l'ensemble des élections municipales, on peut considérer que si la démocratie n'est pas morte en ce 15 mars 2020, elle vient d'encaisser un sacré coup. Donner les pleins pouvoirs pour six ans dans une ville à une équipe pour laquelle quatre électeurs sur cinq n'ont manifesté aucune appétence ou ont éprouvé du rejet, voilà qui n'a plus aucun sens. Mais la politique a-t-elle encore un sens?
Dans ce journal en ligne, depuis plusieurs semaines, on s'est amusé à collationner tout ce qui avait cloché lors de la campagne électorale aixoise en concluant à chaque fois par "Quand ça veut pas, ça veut pas". La formule vaut plus que jamais pour le résultat final.
Ah, un dernier détail: le nombre d'électeurs inscrits sur la liste électorale était de 22.666. Voilà qui ne manquera pas de soulever des craintes chez les nouveaux prophètes, 666 étant le nombre de la bête ou le nombre du diable selon une interprétation de l'Apocalypse selon Saint Jean.
Apocalypse? On ne sait pas. De charybde en scylla, sans doute. Quand ça veut pas...
Bonne chance, les Aixois !