Compatir, partager, s'inquiéter..? Et après ?


Voici, in extenso, les propos que M. Patrick Jardin, père d'une victime des assassinats du Bataclan, a tenus devant la Cour d'Assises.
On n'ajoutera aucun commentaire.
La Rédaction


Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs de la cour,

Je me nomme Patrick Jardin, je suis veuf depuis juin 2004 et je suis le papa de Nathalie Jardin qui était ingénieur lumière au Bataclan bien que la direction du Bataclan m’ait affirmé que ce soir-là Nathalie ne travaillait pas… En fait d’après de nombreux témoignages, elle avait réglé ses projecteurs et durant la première partie était partie boire un verre au bar l’Opéra Rock situé à côté du Bataclan, laissant les manettes à son assistant. Quand elle a entendu les premiers coups de feu et contre l’avis du patron de ce bar qui fermait son volet roulant, elle a voulu rejoindre son poste ; ses dernières paroles ont été « il faut que j’y aille, je ne peux pas laisser mes potes dans la merde ». J’aurais tellement aimé qu’elle n’ait pas ce courage ce soir-là…

Ma fille a été assassinée le 13/11/2015 par ce qu’il convient d’appeler non pas des êtres humains mais des monstres ET JE RESTE POLI  pour ne pas choquer maître Ronen et maître Vettes, avocats d’Abdeslam. Oui des monstres, mais ma qualité de père de victime me permet, je pense, de les traiter de cette façon vu les atrocités qu’ils ont commises et que les différents témoins entendus depuis le début de ce procès nous ont rapportées ! À ce sujet j’ai un peu honte de venir témoigner aujourd’hui car moi, effectivement, j’ai perdu ma fille mais d’autres victimes ont souffert et souffrent encore peut-être plus que moi, encore que je ne pense pas qu’il y ait une échelle graduée pour mesurer l’horreur que nous avons subie… Ils se disent combattants… Si la situation n’était pas aussi dramatique, je dirais qu’ils sont risibles, car combattre signifie qu’il y a un combattant en face de soi. Or, ce soir-là, c’est à des gens sans défenses et désarmés qu’ils se sont attaqués. Je n’appelle pas ça des combattants, ce sont juste des lâches et surtout indignes d’être appelées des hommes.

J’ai connu de vrais combattants, des amis qui ont combattu dans les rangs de la Légion étrangère ou dans les parachutistes. Je puis vous assurer qu’ils n’ont rien à voir avec ces assassins car ces vrais combattants ont le sens de l’honneur et ne tirent jamais sur des personnes désarmées et a fortiori à bout portant voire à bout touchant… Assassiner délibérément des civils qui ne prennent pas directement part aux hostilités constitue un crime de guerre. Vous me répondrez probablement que nous ne sommes pas en guerre ; nous, peut-être, mais eux sont en guerre contre nous, contre notre civilisation, contre ce que nous sommes et ce que nous représentons. Et ce n’est pas parce que nous refusons de leur faire la guerre qu’eux cesserons de nous la faire, bien au contraire : notre aveuglement et notre faiblesse ne font que renforcer leur désir de nous anéantir. Dans l’histoire, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs de la cour, n’est respecté que ce qui est respectable.
De surcroît, quand j’entends Abdeslam justifier ses actes criminels par fidélité et obéissance à l’islam ; dans sa bouche l’islam a tout d’une secte mortifère dont il se réclame ; il ajoute à ses crimes un motif religieux : l’extermination des « kouffars », des « infidèles ». On passe là du crime de guerre au crime contre l’humanité, crime imprescriptible comme vous le savez.  Aucune cause, quelle qu’elle soit, ne justifie de tels actes, Monsieur le Président. Je ne suis pas le seul à porter cette accusation de crime de guerre et de crime contre l’humanité : les Nations Unies, les États-Unis et l’Union européenne l’ont fait officiellement contre cette organisation terroriste qu’est l’État islamique dont ces assassins ici présents se réclament.

Aussi, quand je l’entends se plaindre comme un jeune être de ses conditions de détention, on croit rêver. Il savait ce qui l’attendait puisqu’il n’en est pas à ses premiers délits et a déjà connu la détention. S’il était jugé pour crime de guerre, il serait fusillé. L’État ferait de sérieuses économies : 400 000 € par an pour l’entretien de ce criminel. Quant aux familles de victimes, elles n’ont droit à rien : elles doivent payer les frais de justice et d’avocat alors que c’est gratuit pour les assassins : ils sont pris en charge totalement par la justice et ils n’hésitent pas à en user et même en abuser car ils ont tous 2 ou 3  avocats ! Si nous sommes ici, Monsieur le Président, ce n’est pas à cause des victimes mais à cause des assassins. Et si cela ne tenait qu’à moi, je l’enverrais lui et ses acolytes rejoindre les 72 vierges qu’ils espèrent tant !
Comment justifie-il ses actes ? Par les bombardements qu’a ordonné le président de la République, en Syrie, contre l’État islamique. Il ment, Monsieur le Président, car ces bombardements sont intervenus au mois de septembre alors que cette bande d’assassins projetait les attentats de Paris dès le mois de juillet et même bien avant. Comme l’affirme le juge antiterroriste Marc Trévidic, la taqîya, c’est-à-dire le mensonge et la dissimulation sont omniprésents dans leur combat. L’islam dont se revendiquent, ces assassins, leur permet de faire du mensonge une stratégie de guerre et devient chez eux une seconde nature ; étrange religion qui autorise la bouche à dire le contraire de ce qui est dans son cœur. On mesure par là le fossé immense qui sépare notre civilisation de l’islam, et le désarroi de nos services de sécurité face à cet ennemi de l’intérieur !

Cet assassin prétend être un combattant ? Mais où se trouve son courage ? Les bombardements qu’il évoque pour justifier ses crimes n’ont pas été décidés par les Français mais par leurs dirigeants, ils n’ont pas été exécutés par des civils mais par des militaires. Alors pourquoi s’en prendre aux civils et pas aux dirigeants et aux militaires ? Tout simplement parce que les dirigeants sont protégés et les militaires savent se défendre. Il est donc bien plus facile de s’attaquer à des gens désarmés que d’affronter une riposte armée. La vérité est qu’il n’y a pas de combattants devant nous, il n’y a que des pleutres et des lâches.
Abdeslam n’a pas d’enfant et n’en aura vraisemblablement jamais. Ce voyou immature ne pourra jamais comprendre la douleur de perdre un enfant. Pas une fois lors du procès, il n’a montré le moindre remord de ce qu’il avait fait. Pauvres types sans courage, avez-vous seulement imaginé qu’une des nombreuses victimes que vous avez faites puisse se rendre au domicile de vos familles et fasse la même chose que ce que vous avez fait, c’est-à-dire un carnage épouvantable ? Vous n’avez toujours pas compris et ne comprendrez probablement jamais la règle d’or de toute morale : ne fais pas autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse.
Voilà Monsieur Le Président ce que je voulais vous dire concernant ces monstres, je n’y reviendrai pas. Pour moi, ce ne sont que des rebuts de l’humanité ou, comme l’a dit un témoin, des petites frappes de banlieue au cerveau cramé par le cannabis comme il y en a beaucoup trop en France,  comme ceux qui se sont permis ce triste soir du 13 novembre d’applaudir ces actes infâmes. Mais au-delà des attentats perpétrés avec la cruauté que l’on sait par une minorité de musulmans radicalisés, ce qui est dramatique, Monsieur le Président, c’est le silence indécent et assourdissant de la majorité des musulmans sur ce carnage. Peut-être est-ce à rapprocher de ce sondage IFOP PARU LE 14/10 indiquant que 38 % des musulmans de 18 à 30 ans ne condamnent pas la décapitation de Samuel Paty, ce qui est extrêmement choquant !

On me dit haineux… oui c’est vrai M. Le Président, j’ai la haine mais quel est le contraire de la haine ? C’est l’amour, M. le Président et est-ce que quelqu’un peut aimer ceux qui ont contribué de loin ou de près à tuer votre enfant ? N’avoir ni amour ni haine c’est être indifférent et comment peut-on être indifférent à l’assassinat de sa fille ?
Les propos suivants appellent une mise au point de ma part pour ne pas affoler les avocats de la défense comme le 11/10/2021 ET AFIN QUE LES CHOSES SOIENT BIEN CLAIRES : je ne fais pas de politique et ce lieu n’est pas du tout fait pour en faire, je vous le concède bien volontiers ; mais M. Le Président Mesdames et Messieurs de la cour, il me semble absolument anormal de ne pas parler des faits et des personnes qui ont permis que ces attentats meurtriers puissent se produire dans notre beau pays. Jusqu’à présent les différents témoins ont parlé de ce qu’ils ont vécu mais personne n’a parlé du pourquoi, et à cause de qui ils l’ont vécu ! Il n’est pas question ici de faire le procès des politiques en place à cette époque, j’en suis bien conscient, mais les politiques doivent au peuple la sécurité, cela fait partie des devoirs régaliens qui leur incombent.
Or, force est de constater que beaucoup d’incompétence, beaucoup de négligence, dirons-nous, pour ne pas dire de compromission ont bénéficié aux terroristes !
Lorsque monsieur Hollande donne l’ordre de bombarder la Syrie, ordre qui donnera le soi-disant mobile des terroristes pour justifier leurs actes, et là, il ne m’appartient pas de juger de l’opportunité de ces bombardements, je n’ai pas qualité pour le faire mais au vu de ce qu’il s’était passé à Charlie Hebdo, à l’Hyper Cacher, dans le Thalys, l’assassinat d’Aurélie Châtelain, la décapitation d’Hervé Cornara, je pense que le président de la République a fait montre de négligence avec la sûreté des Français qui, je le rappelle, est un droit fondamental (Article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen) ; il aurait dû prendre plus de précautions. Force est de constater que cela n’a pas été fait ; on en mesure aujourd’hui les tristes conséquences ! Comment aussi expliquer la remise de la Légion d’honneur au prince d’Arabie saoudite le 8 mars 2016 quand on sait que ceux qui ont financé ces attentats sont l’Arabie saoudite et le Qatar ?
De plus, en tant que chef d’État, il est responsable des agissements de ses ministres. Par ses manquements, il nous a montré qu’il était peut-être président de la République mais surement pas un chef d’État !

Monsieur Valls, alors Premier ministre, que j’avais interpellé Gare du Nord le dimanche suivant les attentats, n’a jamais éprouvé le besoin de m’adresser un message à l’annonce du décès de ma fille Nathalie. Il prouvait par là-même son désintérêt pour ne pas dire son mépris pour les victimes. Pour lui, en campagne politique permanente, la tragédie du Bataclan se résumait à une affaire de communication. La phrase qu’il m’a adressée quand je l’ai interpellé Gare du Nord : « Pas devant les caméras » dont j’ai fait le titre de mon livre, résume à elle seule ce qui le préoccupait à ce moment-là. Pourtant, il porte une très lourde responsabilité dans les attentats puisqu’il a refusé de porter attention à une liste comportant le nom de tous les djihadistes impliqués dans les attentats de Paris. Pourquoi ? Parce qu’elle avait été établie en collaboration avec les services syriens. Selon le directeur des services français de l’époque, qui lui avait remis en mains propres cette liste, il a répondu avec toute l’outrecuidance qui le caractérise : « on ne travaille pas avec les services de Bachar El Assad ». Or, à mon humble avis, en matière de terrorisme, on ne doit pas chercher d’où viennent les informations mais vérifier la véracité de ces renseignements et s’ils sont vrais, agir. Ce directeur des services m’a affirmé qu’il était sur le point d’arrêter quelques-uns de ces terroristes mais qu’ils n’avaient pu le faire par manque de personnel car M. Valls avait requis ce même personnel pour se rendre à l’étranger, pour essayer d’aller chercher des fonds en vue de la campagne présidentielle qu’il envisageait de faire ! D’ailleurs, dans le film L’ombre du Bataclan qui a été versé au dossier, Manuel Valls confirme ce que je dis en affirmant très décontracté : « il est possible qu’il y ait eu du retard dans certaines procédures… ». Vous voyez, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs de la cour, quand vous entendez ces propos alors que vous avez perdu ce que vous avez de plus cher, son enfant, la chair de sa chair, il y a de quoi être indigné. Lorsque l’on sait que des êtres aussi abjects ont pénétré dans une salle de spectacle avec des armes de guerre pour tuer, d’autres pensent aux procédures… pour moi, dans notre pays, il y a des gens courageux formés à ce genre de situation, entraînés et prêts à intervenir ; donc on oublie les procédures et on agit et on les fait intervenir immédiatement et on n’attend pas que les terroristes fassent un carnage ! C’est ça, gouverner !

Autre preuve de la négligence de nos dirigeants : le ministre de l’Intérieur, monsieur Cazeneuve, savait qu’il allait se passer quelque chose puisqu’il déclara à son préfet le matin même de ce funeste 13 novembre qu’il « redoutait un attentat de 130 morts ». Il s’est juste trompé d’une personne puisqu’il y en a eu 131 ; il est vrai que le dernier mort est survenu après les attentats puisque cette personne s’est suicidée à la suite des attentats ! Si je peux admettre que le ministre de l’Intérieur ne pouvait pas savoir où les attentats allaient se produire, il aurait pu prendre au moins des précautions en renforçant les contrôles aux frontières vu que tous ces djihadistes étaient, semble-t-il, fichés « S » et pour la plupart vivaient à l’étranger. Il aurait pu aussi faire surveiller les établissements menacés comme le Bataclan, par exemple, menacé depuis bien longtemps. Une information judiciaire avait même été ouverte par le juge antiterroriste Trévidic. Il avait interrogé un dénommé Farouk Ben Abbés, auteur d’un attentat en Égypte, dans lequel une jeune Française, Cécile Vanier a perdu la vie, et ce terroriste lui avait avoué que le Bataclan était une cible privilégiée par les terroristes. Une vidéo existe d’ailleurs où des individus se sont rendus au Bataclan, informant que la prochaine fois ils reviendraient armés ! À ce titre, il aurait dû faire l’objet d’une surveillance particulière ou, tout au moins, d’une étude préalable ne serait-ce que se procurer les plans au cas où. Or, la BRI qui est rentrée dans la salle n’avait même pas les plans alors qu’on les a retrouvés dans les portables des terroristes ! Ils n’ont même pas pensé à envoyer deux motards les chercher chez le propriétaire qui habite à proximité avant de pénétrer dans la salle du Bataclan ! Surveillance d’autant plus justifiée qu’on a appris par la suite que derrière le Bataclan se situe une mosquée, la mosquée Omar. Or cette mosquée était fréquentée entre autres par les frères Kouachi, Amedy Coulibaly et les frères Abdeslam…

Après l’attentat contre Charlie-Hebdo, on n’a tiré AUCUN ENSEIGNEMENT !
Le simple renforcement de nos services frontaliers aurait permis d’éviter que ces « bouchers » pénètrent sur notre sol et il est pour moi impensable que tous ces fichés S aient pu se promener dans toute l’Europe pour faire leur marché, achetant ici des armes, là de quoi faire des bombes. L’un deux ayant eu son passeport confisqué a même réussi à s’en faire faire un autre et là, monsieur Cazeneuve, en tant que ministre de l’Intérieur, porte une très lourde responsabilité ! Il faut reconnaître qu’on lui doit cependant un décret qui permet désormais au premier service de sécurité présent sur les lieux d’intervenir sans attendre un quelconque ordre venu d’une quelconque administration… Pour moi du simple bon sens, pour les politiques… c’est une autre histoire ! Cela aurait évité aux victimes du Bataclan d’attendre deux heures 30 sous les balles des terroristes. Le Raid présent au bout de 30 min et qui a attendu, équipé dans leur camion, jusqu’à 2 heures du matin aurait pu intervenir, de même que les hommes de la BI spécialement entraînés pour ce genre de prise d’otages qui s’entraînaient à la tour Eiffel à un exercice d’alpinisme, et qui ayant été avertis se sont rendus à leur QG, se sont équipés et armés et étaient prêts à intervenir… mais qui, par les mystères incompréhensibles de l’Administration, ont été redirigés 36, Quai des orfèvres pour monter une opération avec la BRI… maudites procédures ! C’est ubuesque !!!…  M. Cazeneuve, lui aussi en toute décontraction répondra à la journaliste qui l’interviewe à la fin de ce film « l’ombre du Bataclan »  « vous savez cela fait bientôt 6 ans, je ne me souviens plus » ! INCROYABLE ! Il était en place lors de l’attentat le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale et il avait la charge de défendre les Français de par sa qualité de chef des différents services de police et il ose dire qu’il ne se souvient plus ! M.Cazeneuve, décidément, vieillit bien mal !
Autre artisan du désastre administratif français : monsieur Le Drian, alors ministre des Armées. Lamentable, il fut incapable de justifier devant la commission d’enquête parlementaire, l’immobilité et l’indifférence coupables des militaires de la force Sentinelle en faction devant le Bataclan et qui reçurent l’ordre de ne pas intervenir et d’ouvrir le feu sur les terroristes, ce qui aurait sûrement permis de sauver de nombreuses vies humaines. La preuve en est, l’intervention de ce courageux policier de la Bac, qui au péril de sa vie, est entré dans le Bataclan avec son chauffeur et avec uniquement leurs armes de services ont abattu cette raclure de Samy Amimour. Je profite de cette occasion pour remercier ce policier, ce héros et lui faire part de toute mon admiration ; dommage qu’au sein de la gent politique et de la haute administration nous n’ayons pas ce genre d’hommes aussi courageux.

A contrario je vous avoue, Monsieur le Président, six ans après cette tragédie, je n’arrive toujours pas à comprendre comment des militaires armés, en faction devant le Bataclan, ont pu rester inertes et insensibles aux cris d’effroi et aux appels désespérés des victimes. Les ordres ont eu raison de la conscience.  J’espère que le matin ils peuvent encore se regarder dans la glace !
Ordres qu’on suppose émaner du gouverneur de Paris, le général d’opérette Bruno Leray, incarnation parfaite de la déconnexion totale de la haute administration vis-à-vis de la réalité, confite dans les procédures que dénonçait Manuel Valls et qui ne visent qu’une seule chose : construire son irresponsabilité tout en conservant les avantages de la situation.  Une phrase résume à elle seule le personnage : « les militaires n’ont pas vocation à prendre des risques pour défendre des civils ». On se demande alors pourquoi on les paie…

Puisqu’on parle de l’armée, je suis extrêmement surpris d’une chose : on a entendu jusqu’à présent beaucoup de témoignages de policiers, d’enquêteurs, et personne n’a parlé des gendarmes du 31/7 de Reims affectés initialement à la protection du Premier ministre, qui à l’époque habitait à 400 mètres du Bataclan. Entendant les coups de feu, ils entreprirent de faire colonne vers le lieu du drame armés avec leur Famas ; un avocat, maître Jean Sannier, affirme même que ces militaires avaient réussi à extraire un otage du Bataclan quand « on » leur a demandé de rebrousser chemin… Qui est ce « on » ? Bien évidemment, « on » ne sait pas qui et « on » ne saura jamais. « On » est un con comme on dit dans le Nord. Ces militaires ont d’ailleurs reçu la médaille de la sécurité intérieure puis envoyés en Nouvelle Calédonie… Peut-être pour qu’ils évitent de parler ?
De même, on ne saura jamais pourquoi la FIPN n’a pas été déclenchée alors qu’elle l’avait été pour Charlie, ce qui aurait permis au Raid d’intervenir puisqu’ils furent les premiers arrivés sur les lieux. Je connais un des membres de cette valeureuse unité ; il m’a révélé que même des membres du RAID qui n’étaient pas en service ce jour-là se sont présentés spontanément dans leur base, se sont équipés, se sont armés… et ont attendu jusqu’à deux heures du matin dans leurs camions ! En fait, j’ai compris qu’on était dirigé par des couards incompétents, sans honneur. S’ils en avaient eu, ils auraient fait comme les ministres belges de l’Intérieur et de la Justice et auraient démissionné ! Des victimes, des morts et des blessés, ils s’en moquent totalement. La seule chose qui les intéresse, c’est leur réélection. La meilleure preuve : Manuel Valls qui après avoir signé l’engagement de soutenir le membre de son parti le mieux placé dans la primaire renie sa parole et sa signature et finit par soutenir Macron.  Il se fait ensuite réélire député de la République française et au mépris total de ses électeurs, démissionne au bout de quelques mois pour aller tenter de se faire élire maire de Barcelone. Le poste était sans doute plus juteux que celui de député. À qui voulait l’entendre, il n’a pas hésité à affirmer qu’il se sentait beaucoup plus Espagnol que Français et ce, quelques semaines après avoir été Premier ministre de la France. C’est pathétique. Mais le pire est à venir : après avoir ramassé une monumentale défaite en Catalogne, il crie désormais son attachement indéfectible à la France et cherche par tous les moyens un nouveau poste auprès de Macron. Je sais, M. le Président, encore une fois que ce n’est pas leur procès ici mais je suis obligé d’en parler pour que les gens sachent bien pourquoi et à cause de qui ce massacre a pu avoir lieu chez nous !
Voyez-vous, Monsieur le Président, ces gens me donnent presque autant envie de vomir que ceux qui sont dans le box aujourd’hui ; ils ne valent pas beaucoup mieux et ce n’est surtout pas une question d’appartenance à tel ou tel parti politique puisque cela fait 40 ans que cela dure !
Des détraqués comme ceux dans le box, il y en aura toujours dans le monde mais avec les moyens dont disposent aujourd’hui les services, il apparaît évident qu’on pouvait facilement éviter de leur laisser faire leur sale besogne avec un minimum de professionnalisme et d’empathie. Alors oui, je suis en colère car 131 personnes sont mortes et 415 ont été blessés pour RIEN !
Je suis en colère quand je vois le peu d’humanité dont font preuve les différents services de l’État, à commencer par l’IML où l’on vous fait reconnaître le corps de votre enfant recouvert d’un linceul jusqu’au menton derrière la barrière d’une vitre froide.  Puis quelques jours après, on vous remet le cercueil plombé, de sorte que vous ne pouvez même pas embrasser une dernière fois votre fille. Ça, je ne l’oublierai jamais. Comme je n’oublierai jamais ces fonctionnaires de police débordés du Quai des Orfèvres qui vous font attendre 2 h 30 pour recevoir votre déposition puis mettent une demi-heure pour trouver une Marianne à apposer sur le procès-verbal. Je n’oublierai jamais non plus cet affreux hommage national aux Invalides, sans chaleur, sans empathie où le président de la République est venu prononcer un discours insipide et s’est enfui immédiatement après, sans même prendre le temps de venir consoler les familles meurtries par sa faute et par la faute de son gouvernement. Je n’oublierai jamais les services du fonds de garantie qui vous envoie un chèque de 48 000 € à titre d’acompte pour soi-disant vous indemniser de l’assassinat de votre fille, comme l’a dit ce sous-ministre des Anciens combattants qui peut-être cherchait à acheter mon silence et ma complaisance : « ne vous inquiétez pas Monsieur Jardin, vous allez être indemnisé car vous avez de la chance, en France il y a le fonds de garantie ». J’ai de la chance d’avoir perdu ma fille parce qu’en France il y a le fonds de garantie mais en l’occurrence je n’ai pas de chance apparemment de vivre en France puisque apparemment ce genre d’attentat ne s’est produit qu’en France… Comment un ministre peut-il prononcer de telles paroles et être aussi inconséquent pour ne pas dire tout simplement CON ! Je n’oublierai pas non plus l’inhumation de ma fille le jour de mon anniversaire, le 27 novembre !
J’ai perdu ma fille mais en comparaison du calvaire que vivent certaines personnes venues témoigner à la barre et qui ont été blessées, handicapées à vie, je me dis que même dans le malheur et la douleur, il n’y a pas d’égalité. Je pense à ce monsieur, vendeur d’écharpes au stade de France, qui a perdu l’audition, qui a perdu l’usage d’un bras et dont la femme a perdu la moitié de son cerveau, ce qui l’a plongée dans un état plus ou moins végétatif, la rendant « comme un enfant de 5 ans ». Comme il nous l’a révélé : il ne touche aucune aide de l’État alors que celui-ci porte une énorme responsabilité dans ces attentats. Alors qu’il aurait besoin d’un logement avec une seconde chambre adaptée au handicap de son épouse, l’État ne fait rien pour les reloger. On dépense 400 000 € par an pour entretenir un criminel et un assassin, et l’on ne trouve même pas un euro ni un fonctionnaire pour aider et soulager ces victimes !

Vous savez, Monsieur le Président, j’adore mon pays qui, je pense, est le plus beau pays du monde mais malheureusement dirigé par les hommes les plus égocentriques et les plus indifférents à la détresse humaine, les plus cons du monde comme disait le regretté Coluche. Mais parfois, je me surprends à le détester quand je vois ce genre d’agissement : ce qui est arrivé à ce couple totalement abandonné de tous est inhumain. C’est un véritable scandale et la honte de notre État.
Je suis content d’apprendre que plusieurs victimes ont été aidées par les 2 associations 13/11/2015 et Life for Paris… En ce qui me concerne, lorsque je leur ai demandé de l’aide pour empêcher le concert d’un rappeur islamiste proche des Frères musulmans au Bataclan, je n’ai reçu pour réponse que leur silence assourdissant, ce qui ne les a pas empêchés de se féliciter de l’annulation de ce concert comme s’ils y étaient pour quelque chose !

Quant à moi, ma fille me manque de plus en plus… Les gens me disent : « Tu verras avec le temps, cela s’estompera ». Mais c’est faux, Monsieur le Président. En ce qui me concerne, c’est juste l’inverse car plus le temps passe et plus la douleur d’avoir perdu ma fille augmente.  Je ne trouve plus le sommeil et quand la fatigue me brise, je m’endors avec l’image de ma fille et lorsque je me réveille, ma première pensée est pour elle. Lorsque je m’accorde un peu de bon temps avec des amis ou avec mon fils, il y a toujours un moment où je me dis « Tu n’as pas honte ! Tu t’amuses et ta fille est 2 mètres sous terre ». Dès cet instant, la soirée est finie pour moi. J’en suis réduit à continuer à payer son abonnement téléphonique pour pouvoir entendre sa voix ou d’aller boire de temps en temps un verre à l’apéro Rock à côté du Bataclan pour voir la plaque en cuivre que le patron a gentiment rivetée sur son comptoir au nom de Nathalight (le nom de scène de Nathalie).
Je crains désormais pour mon fils qui habite à Paris et lui demande de me téléphoner tous les jours. S’il ne le fait pas, je suis inquiet car il ne me reste plus que lui désormais et mes deux merveilleuses petites-filles qu’il m’a données, et c’est pour eux qu’il faut se battre. Je vis désormais en sachant qu’un jour tout peut basculer brutalement. Depuis Charlie, depuis les attentats de Paris, depuis le Thalys, depuis Saint-Étienne du Rouvray, depuis Nice, depuis ces deux jeunes filles égorgées à la gare Saint-Charles à Marseille, depuis ces deux policiers égorgés devant leur enfant de 4 ans, depuis les attentats de Strasbourg, depuis ce CRS égorgé aux Champs-Élysées, depuis Samuel Paty, etc., etc., nos dirigeants, quel que soit leur bord politique, n’ont pas jugés utile de modifier quoi que ce soit pour protéger le peuple dont ils ont la charge. Je sais, on va encore me traiter de facho, d’islamophobe et de tous les noms d’oiseaux alors que je ne fais pas du tout de politique, c’est un milieu que j’exècre et je ne fais qu’essayer modestement de tout faire pour QUE PLUS JAMAIS CELA NE RECOMMENCE. TROP DE GENS ONT SOUFFERT ET SOUFFRENT ENCORE DE CES ACTES, trop de familles ont été détruites ET C’EST TOUT SIMPLEMENT INADMISSIBLE !

Ces vermines ne me font pas peur ; je suis capable de les toiser ; j’ai tellement de haine à leur endroit que je sais que je serais capable de les tuer un par un. Ce qui me choque, je vous l’avoue Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs de la cour, c’est que la plupart des victimes qui sont venues témoigner ne sont pas dans la haine après tout ce qu’ils ont subi… Un journaliste qui a perdu la maman de son petit garçon a même écrit un bouquin : Vous n’aurez pas ma haine. Un ancien président de l’association 13/11/2015 qui a perdu sa fille Lola a même coécrit un bouquin avec le père de l’assassin de sa fille, monsieur Amimour. Je ne pouvais imaginer à quel point l’être humain a la capacité à se soumettre et à accepter l’inacceptable. Je ne connaissais pas Lola mais je sais que d’où elle est, Nathalie, si j’avais, moi, commis cela, je l’aurais dégoûtée et rien que cette idée en plus de mon chagrin m’est inacceptable. Désolé, je ne peux pas accepter ce genre d’actes de cruauté. Face à ça, je serais plutôt dans la vengeance et pour la loi du talion. C’est la raison pour laquelle je regrette amèrement que la peine de mort ait été supprimée dans mon pays car ceux qui l’ont supprimée ont malheureusement oublié en même temps de la supprimer pour les victimes.
Je m’étais toujours dit que si un jour on touchait à un cheveu de mes enfants, cela aurait été terrible pour celui qui s’y serait risqué. Aujourd’hui, je suis là, devant vous et devant ses assassins, et je ne peux rien faire ; cela me rend malade mais je me dis que dans la vie, la roue tourne et que peut-être un jour, j’aurai l’occasion de rendre la monnaie de leur crime. Je sais que mes propos vont choquer, mais voyez-vous Monsieur le Président, j’ai bien trop de respect pour votre cour pour ne pas vous dire la vérité et ce que je pense.

Alors, ce que j’attends de ce procès ? Je fais confiance à la justice de mon pays même si cette confiance a été sérieusement écornée lors du procès du logeur Ben Daoud qui a été scandaleusement relaxé en première instance puis condamné en appel alors que ce triste individu, qui est du même bord que ceux qui sont dans le box aujourd’hui et qui a déjà tué un homme, aurait dû à mon avis passer lui aussi aux assises puisque son ADN a été retrouvé sur le scotch ayant servi à confectionner les gilets explosifs d’Abaoud et Akhrou, faisant de lui un complice évident. Il me faut malgré cela rester confiant en la justice de mon pays, même si elle s’est laissé berner dans l’affaire de ce logeur… J’attends donc que d’une part ces monstres pourrissent jusqu’à leur mort en prison puis, étant croyant, je sais qu’ils ne rejoindront pas leurs 72 vierges mais subiront la justice de Dieu et iront brûler en enfer  ; cela leur donnera le temps de réfléchir au sens de leurs actes car j’estime anormal que moi, qui n’ai rien fait, doive rester dans une sorte de prison jusqu’à ma mort puisque jamais je ne reverrai ma fille, jamais je n’aurai de petits-enfants de son côté : ils m’ont privé de tous les bonheurs familiaux, les fêtes de fin d’année, les anniversaires, les communions et ont anéanti ma famille.
J’attends que suite à ce procès, les Français prennent conscience de ce qu’est devenue la France, prennent toutes les mesures pour que plus jamais cela ne recommence et qu’ils prennent aussi toutes les mesures pour se protéger car apparemment dans ce pays, il ne faut sur ce plan que compter sur soi…
Je finirai par exprimer toute ma compassion envers l’ensemble des victimes que je trouve admirables par leur courage, même si parfois j’ai beaucoup de mal à les comprendre et je voulais dire à ceux qui s’en sont sortis qu’ils ont désormais un devoir vis-à-vis de ceux qui n’ont pas eu leur chance : ils doivent vivre et profiter au maximum des bienfaits de la vie ne serait-ce que par respect pour ceux qui sont tombés ce soir-là mais aussi pour bien démontrer aux accusés qu’ils ont tout raté et ont loupé leur coup en plus d’avoir raté leur vie !

Merci Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs de la cour d’avoir pris le temps de m’écouter, j’ai peut-être été un peu long, je m’en excuse, mais pour moi c’est une chance unique de pouvoir prendre la parole car je pense que plus jamais cela ne se reproduira ; la chance qui m’est donnée ici de pouvoir dire ce que je pense devant la cour, les victimes, les accusés et les médias pour délivrer  le message de douleur d’un père qui a perdu sa fille et qui s’obstine à réclamer justice et à vouloir que toute la lumière soit faite sur les circonstances et sur les responsabilités de chacun dans ce massacre afin que jamais plus il puisse se  reproduire sur la terre de France.
Je vous remercie.
Patrick Jardin


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