LE PASSE-MONTAGNE

COUP DE FROID SUR LA DÉMOCRATIE



Cette année là, dans ce beau pays au climat tempéré, l’hiver est brusquement arrivé dès le premier jour de janvier. Bien que les météorologistes l’avaient annoncé dès la fin décembre, les autorités n’avaient pas trouvé utile de prendre des mesures particulières. 

Un matin, le pays s’est réveillé avec de nombreuses voies de communication paralysée par le froid et la neige.


En l’absence d’informations officielles, de nombreux citoyens avaient quand même emprunté leur voiture. Il s’en était suivi une impressionnante série d’embouteillages à travers le pays. Bloqués pendant des jours sur des routes et autoroutes enneigées, des automobilistes, parmi les plus âgés et les plus fragiles, succombèrent. Plutôt que le froid, ce fut davantage le stress d'une interminable immobilisation, ainsi que l’absence de secours, de soins ou de nutrition, voire d’hydratation, qui provoqua ces décès. 
Pourtant, immédiatement, le gouvernement décréta que c’était bien la vague de froid soudaine, quoique annoncée, qui était l'unique responsable de ces morts. Et ledit gouvernement prit une première mesure: il décréta que les citoyens devaient impérativement rester chez eux. Ce fut le confinement général. Un autre décret pris dans la foulée n’autorisa les citoyens à sortir de chez eux que pendant quarante trois minutes maximum et à la seule condition de porter des bottes après-ski fourrées ainsi qu’une chaude doudoune. Quiconque ne respectait pas cette prescription se voyait impitoyablement poursuivi par la milice et sévèrement sanctionné.

Cette année là, en mars la neige n’avait pas totalement fondu partout et la température avait juste un peu augmenté. Les mesures d'habillement et de restrictions de déplacement furent donc prorogées par décret. Un couvre-feu généralisé à partir de 17 h 39  succéda au confinement. Dans le même temps, par messages audiovisuels répétés, ou plus exactement serinés par la presse stipendiée, le gouvernement certifiait prendre toutes les mesures pour mettre fin à cette situation. Le sinistre ministre de la Santé, entre deux annonces d'une nouvelle série de décès prétendument dus au froid, affirma tout de go qu’un laboratoire avait mis au point un vaccin qui réchauffait durablement le corps, évitant ainsi aux gens de mourir de froid. Le sinistre invita
chacun à recevoir ce vaccin innovant. Les candidats à cette expérimentation se montrant hésitants, le gouvernement prit un nouveau décret selon lequel seules les personnes ayant reçu le vaccin, et pouvant le prouver à toute réquisition, seraient autorisées à quitter leur domicile. Une petite majorité de citoyens se rua donc vers les centres de vaccination.



A la fin juin, le gouvernement annonça fièrement que grâce à la vaccination et autres mesures les gens pouvaient de nouveau se déplacer à l’air libre sans risquer de mourir de froid. Toutefois, le décret maintenait l’obligation pour les citoyens de continuer à porter des après-ski et une chaude doudoune. Par précaution. Puis, par une foucade -dont le Roitelet qui dirigeait le pays était coutumier- arriva une autre obligation. Une sorte de passe, un passe-montagne en laine dont le port était rendu obligatoire pour avoir accès à certains lieux. Ceci au prétexte qu'un refroidissement pouvait survenir à tout moment. Seules les personnes vaccinées contre le froid furent autorisées à recevoir ce passe-montagne. Arborant leur passe-montagne à la moindre circonstance, les vaccinés obéirent une nouvelle fois tandis que les non-vaccinés étaient en butte à des humiliations diverses, comme le fait de ne sortir que brièvement et à des horaires décalés et uniquement pour des besoins essentiels. C'était par crainte, disait le gouvernement, qu’ils ne contaminent les vaccinés. Lesquels ne trouvèrent rien à redire à cette discrimination. Il est vrai que le gouvernement n'avait pas hésité à prétendre que c’était grâce aux protections vestimentaires ajoutées au vaccin, et surtout au port du passe-montagne, qu’il faisait désormais bon se promener en plein air dans le pays. Bien que l'on était alors au coeur de l'été, quelques crétins avalèrent cette fable là où une majorité fit seulement mine de la croire, juste pour pouvoir sortir.



A l’automne, pressentant que l’hiver approchant risquait de ramener une vague de froid, le gouvernement prit de nouvelles mesures. Il décida que désormais et quelle que fut la saison, seuls pourraient sortir de chez eux, pour quelque motif que ce soit, les personnes vaccinées et arborant un passe-montagne. Sans compter que ceux qui voulaient profiter de cette nouvelle « liberté » devaient en outre recevoir tous les trois mois une nouvelle dose du vaccin anti froid.

Les citoyens dociles, finirent par s’habituer à cette monumentale arnaque.


Quant aux
réfractaires, ils étaient passibles d’amende, voire d’emprisonnement. 


Et c’est ainsi qu’au mois de mai suivant, seuls les  citoyens qui portaient le passe-montagne furent autorisés à aller voter. Tout contents d'être encore en vie et de retrouver une meilleure température, ceux-là choisirent de renouveler leur confiance en leurs dirigeants. Ils votèrent donc pour ceux qui les avaient si bien protégés d’une épidémie de froid, qualifiée de « sans précédent ».



Epilogue:
Depuis, dans ce pays, le passe-montagne obligatoire, en tout lieu et en toute saison, est entré dans les moeurs. Tout comme le vaccin anti-froid et le port de la doudoune et des après-ski...
Et quand ils se retrouvent entre eux, en maillot de bain, le visage librement offert au soleil, aux bords de leurs piscines ou sur les plages privées, les dirigeants autocrates n'en finissent pas de compter les royalties que leur ont versées les fabricants de passe-montagne, d'après-ski, de doudounes et de vaccin anti-froid. Et quand ils s'arrêtent de compter, c'est pour mieux rire et se moquer de la docilité, voire de la crétinerie, des citoyens lambda qui continuent de leur obéir aussi aveuglément...


Bien entendu, tout ceci n’est qu’une fable.
 Un tel pays avec des dirigeants aussi machiavéliques et des citoyens aussi stupides ne saurait exister.

.. longtemps!

De fait, toute ressemblance ou similitude serait à mettre sur le compte de l'imagination….

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