ÇA VAUT UN SONDAGE: Samedi 28 mai sur le marché de la place Clémenceau à Aix-les-Bains. Il fait beau, pas trop chaud, les allées sont pleines de monde. Aux entrées, ils sont quelques uns à tenter d'attirer l'attention afin de remettre un tract en vue des prochaines élections législatives. Dans leur immense majorité les chalands détournent le regard et poursuivent leur parcours, au mieux certains lâchent simplement "non-merci". A deux semaines tout juste du premier tour, cette élection ne semble pas intéresser grand monde.
Ils sont pourtant treize candidats à solliciter les suffrages. Avec une abstention qui promet d'être record, il est probable qu'aucun des candidats en présence n'atteindra le seuil des 12,5% des inscrits qui permet de figurer au second tour. Dans ces conditions, seuls les deux premiers seraient qualifiés pour le tour suivant.
Le prochain député d'Aix-les-Bains risque donc d'être choisi par peut-être moins d'un électeur inscrit sur dix au premier tour.
Et on appelle cela la démocratie...
Ils sont treize, comme dans Jésus et ses apôtres. Il y a forcément un traitre parmi eux. Voire plusieurs. En tout cas nombreux avancent masqués. Et puis il y a le fameux trio: Croze, Dubouchet, Ferrari. Le lien qui "unit" ces trois là, c'est Dominique Dord.
Prenons le cas de Jean-Claude Croze. Pendant au moins deux mandats de maire de Brison-saint-Innocent, il a été cul-et-chemise avec Dord qui en avait fait un vice-président de la CALB. Pendant ce temps, Dord a pu satisfaire toutes ses envies immobilières dans cette commune sans jamais être contrarié par la mairie, avec pour exemple ce mini lotissement dont la réalisation, proche de l'ex-château Dord, a beaucoup surpris l'environnement.
Tout allait donc pour le mieux entre les deux jusqu'en 2017. Cette année là, Dord se représentait pour un nouveau mandat de député. Comme il avait été le collègue de Delevoye, l'homme qui décidait des investitures pour le camp Macron, il avait donc été convenu entre eux que le macronisme n'opposerait qu'une candidate insignifiante face à Dord et que ce dernier en serait reconnaissant pendant la suite de son mandat. Mais cela n'a pas fait les affaires de Croze qui se disait déjà très proche des idées de Macron et qui aurait bien aimé avoir l'investiture d'En Marche. Et ce fut la Titiphanie qui décrocha la timbale!
Alors le maire de Saint-Inn espère-t-il une revanche en 2022 sur les candidats estampillés baby-Dord..? En tout cas, faux cul comme pas deux, il se présente sous l'étiquette "Pour une majorité présidentielle libre". Et qui sont ses principaux adversaires?
Elles sont deux dans cette situation. Marina Ferrari, d'abord, qui a reçu l'investiture des macronistes. Elle, en 2008, c'était une prise de guerre de Dord. L'ex-député l'avait arrachée à son tonton Gratien, ancien maire d'Aix et ancien député et qui avait eu Dord comme suppléant! La Marina est restée aux côtés de Dord jusqu'au bout de son mandat de maire. Puis elle s'est fâchée avec Beretti, celui qui avait poussé DD vers la sortie. Sa victoire aux législatives ne serait donc pas pour déplaire à Dord.
Néanmoins, pour ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, Dord a officiellement choisi de soutenir Karine Dubouchet, une ex-championne de ski qu'il avait introduite auprès de Béretti. Et, surtout, pour bien montrer que c'était encore lui qui tirait les ficelles, Dominique Dord a placé son neveu, Thomas Dord, en duo avec sa Karine.
Dans un scrutin avec treize candidats en lice et une abstention qui promet d'être importante, il est fort probable que l'on ne retrouvera que deux candidats en lice au second tour. Ainsi, à défaut d'une "guerre de trois" c'est sans doute vers un duel qu'on se dirige.
Les paris sont donc ouverts pour un second tour entre Ferrari et Dubouchet. Deux babies-Bord en quelque sorte.
On comprend mieux dès lors l'enthousiasme des électeurs.