Ce journal en ligne est né voici quinze ans. Il était essentiellement consacré, à l’origine, à l’actualité d’Aix-les-Bains et de sa grande banlieue. Il succédait à l’Aixaspérant, un magazine papier qui avait connu, à défaut de ses heures de gloire, quelques instants de renommée en relatant les turpitudes et autres vilénies des gens qui s’étaient accaparés de tous les pouvoirs de décision aux bords du Lac.
Ici comme dans l’Aixaspérant on a plus ou moins annoncé ce qui est en train d’arriver à cette ville et à son environnement. Une situation qui n'est pas sans rappeler ce qu'on connaît en France en ce moment. En voici un premier exemple..?
En 2001 Aix-les-Bains était la ville qui s’enorgueillissait (et se félicitait) de posséder l’unique station thermale propriété de l’Etat français, à savoir les Thermes Nationaux d’Aix les Bains, dits encore les TNAB.
La station évoluait sur deux sites thermaux (les Anciens et les Nouveaux) dont la fréquentation avoisinait les 40.000 curistes annuels, assurant ainsi la prospérité du commerce local et offrant directement de l’emploi à un peu plus de 600 personnes, à temps plein sur sites, et à davantage encore à l’extérieur par retombées.
Il était de bon ton alors de prétendre que l’activité thermale procurait localement du travail, directement et indirectement, à près de 2000 personnes, ceci même si une petite incertitude pouvait planer sur l'avenir de cette activité thermale en général, à Aix comme ailleurs.
Et puis Zorro le héros est arrivé. Il s’appelait Dord, il était député. Devenu maire de la ville en 2001 au terme (sic) de quelques attrape-nigauds, il allait tout y chambouler, tout y rénover, tout rendre plus beau. Mais, patatras, Zorro le héros allait vite devenir Zozo le Zéro.
Parmi les idées à Zéro, faire couler les TNAB en vue de les privatiser ne fut pas la moins réussie.
C’est simple, cinq ans après l’arrivée du « sauveur » la fréquentation des TNAB dont il avait pris la présidence était tombée à 24 000 curistes annuels. La plus belle dégringolade de tous les établissements thermaux de France, une chute vertigineuse de près de 40%! Et un déficit financier de près de 10 millions d'euros cumulés.
Et ce n’était qu’une étape.
Zéro-Dord convainquit alors l’Etat de vendre les Thermes au secteur privé (il était le conseiller d’un déjà ridicule et inconsistant premier ministre comme depuis il n’y en eut plus que de cet acabit).
A cette époque quelques professionnels locaux envisagèrent de constituer un groupe pour racheter ces Thermes aixois vendus à l'encan. Zéro-Dord promit de les y aider. Lors d’une mémorable séance de conseil municipal, poussé dans ses retranchements par un jeune élu plein d’avenir, Zéro-Dord consentit même à engager la Ville jusqu’à 4 millions d’euros pour participer à l’appel d’offre lancé par l’Etat en vue la session des TNAB.
L’affaire aurait dû être entendue et les établissements thermaux aixois (à la valeur immobilière de plusieurs dizaines de millions d’euros) auraient dû, dans ces conditions, rester la propriété du secteur public.
Mais voilà. Lors de l’appel d’offre officiel, ce n’est pas 4 millions d’euros que Zéro-Dord proposa mais un euro. Oui, un euro symbolique! Ceci malgré son engagement à 4 millions confirmé par une délibération du conseil municipal. Une véritable trahison.
Et c’est ainsi que Valvital, une très modeste société parisienne d’exploitation thermale qui n’avait jamais rien possédé, devint la propriétaire des Thermes Chevaley, mais aussi, tenons-nous bien, des sources thermales, de la blanchisserie, du Parc de Verdure, de deux parkings de 250 places, de quelques milliers de mètres carrés de terrain à bâtir ainsi que de plusieurs biens immobiliers de moindre valeur. Tout cela pour avoir seulement misé dans l’appel d’offre la bagatelle de 3 millions d’euros.
Oui, oui. Trois millions d’euros pour un patrimoine total parfois évalué à 30 ou 40 millions d’euros. On croit rêver. Cauchemarder?
Pourquoi raconter cela aujourd’hui?
D’abord parce que plein d’Aixois de souche l’ont sans doute oublié tandis que les nouveaux venus en ignorent tout. Mais surtout parce que ce qui se passe à Aix depuis plus de deux décennies est à l’image de ce qui se passe dans le pays tout entier pendant la même période.
Des gens sans scrupules bradent à des intérêts privés ce qui faisait la richesse et le bonheur de la propriété publique nationale et ceci dans une indifférence quasi générale. Pourquoi s’en priveraient-ils alors?
Au fait que sont devenus les acteurs de cette tragédie thermale?
Son principal héraut, le Zéro-Dord, profite de ses confortables retraites d’élu et coule des jours paisibles après avoir considérablement enrichi son patrimoine immobilier à l’occasion de ses différents mandats locaux.
Le sémillant élu d’opposition, celui qui avait contraint Dord à proposer 4 millions d’euros pour racheter les TNAB (engagement jamais tenu), a rapidement compris que son avenir personnel passait par son asservissement à celui qu’il prétendait jadis combattre. Il s’engraisse désormais aux frais des contribuables.
Quant au conseiller très particulier du Zéro-Dord de cette époque, après avoir bien aidé son ancien mentor à lui dégager la place, il s’engraisse lui aussi grâce aux rentes de situation que lui offrent des électeurs-contribuables bien peu regardants ou très oublieux.
Et c’est sans doute également le sort de ceux qui, aux sommets de l’Etat, sont en train de faire de la France un pays sous-produit de la finance internationale, voire apatride. Un pays hier encore si fier de ses réussites et de son indépendance et qui, dans une indifférence quasi générale, ne cesse de sombrer… vers des jours plus sombres encore.
Bilan de cette première tragi-comédie avec la perte pour la Ville de son patrimoine immobilier thermal : un revers financier de 20 millions d'euros au minimum.
L'addition finale promet d'être lourde.
A suivre:
Le bâtiment des Anciens Thermes, un gouffre financier abyssal et qui ne cesse de se creuser