QUAND LE LOGEMENT SOCIAL AIXOIS FINANÇAIT LE RACHAT D'UN CENTRE EQUESTRE

5ÈME PARTIE: C 'ÉTAIT JUSTE POUR FAIRE DES ÉCONOMIES PRÉTENDAIT LE MAIRE-PRÉSIDENT


On a vu dans les épisodes précédents à quel point l’ancien député-maire (Zéro-Dord) fortement encouragé par son second (Zéro-Bis), lequel rêvait de lui piquer sa place, avait magistralement fait foirer la gestion des Thermes nationaux tout comme celle du bâtiment ancien que la ville avait racheté sous ses ordres.
 Avec à la clef un passif vertigineux pour la collectivité.

Mais c’est avec un autre patrimoine immobilier, destiné celui-là à loger les habitants les plus modestes de la ville, que Zéro-Dord s’était entraîné. Là, non plus, ce n’est pas triste. C’est même tellement énorme que si nous n’avions pas retrouvé les preuves de cet exploit, le lecteur aurait pu croire à une galéjade.



L’histoire commence dans les années soixante dix. La municipalité d’alors a souhaité concurrencer les traditionnels offices d’HLM en créant sa propre structure de constructions immobilières, la SAEMCARRA. Il s’agissait d’une société d’économie mixte dans laquelle la mairie était largement majoritaire à côté de quelques investisseurs privés.


En quelques années la SAEMCARRA va acquérir un joli patrimoine de 250 logements dans divers sites de la commune, des appartements qui font le bonheur de foyers modestes. Ordinairement, le financement d’un tel programme s’amortit, au pire, en trente ou quarante ans.

Autant dire qu’en 2001 lorsque Dord prend la tête de la mairie -et les commandes de la SAEMCARRA par la même occasion- les 250 logements sont quasiment amortis. Les loyers encaissés chaque mois pourraient alors servir soit à améliorer ce patrimoine (par des travaux d’isolation par exemple) soit à financer de nouvelles constructions. 

Mais entre 2001 et 2015 il ne se passe rien de tout cela même si la SAEM engrange bien une petite cagnotte.

Soudain, au printemps
2015,  Zéro-Dord a une illumination.
Au motif que le budget de la Ville serait difficile à boucler, il décide, tout seul, dans son coin, de vendre la SAEMCARRA… pour faire des économies, prétend-il!

Comme on ne voit pas, à priori, en quoi la SAEMCARRA, qui vivait peinard de ses rentes de loyers, aurait pu peser de quelque manière que ce fut sur le budget de la ville, c’est bien qu’en proposant de céder la SAEMCARRA et son patrimoine de 250 logements Zéro-Dord a une autre idée derrière la tête.
Soit faire rentrer l’argent de la vente dans le budget municipal afin d'éponger les dettes créées depuis 14 ans. Soit faire une fleur au futur repreneur (La Sollar) que Dord a choisi lui-même et en attendre des remerciements (rires). Soit les deux. On penchera pour cette troisième possibilité.
En fin de compte, malgré une partie du conseil municipal qui s’opposera à cette manoeuvre, Dord cédera en 2016 à la Sollar (via une opération de fusion absorption) les 250 logements de la SAEM, ce qui rapportera à peine à la collectivité 60.000 euros par logement. Rappelons qu’en 2016 à Aix-les-Bains, le prix moyen d’un appartement "moyenne gamme" tournait autour de 100.000 euros. Ne cherchons donc plus qui a fait la bonne affaire dans cette histoire.



On ne voudrait pas clore ce récit sans cette anecdote qui répond à la question suggérée plus haut: que faisait la SAEMCARRA de sa cagnotte constituée par les rentrées des loyers si ce n’était pas pour améliorer le patrimoine?


Une tentative de réponse est à chercher à travers cet article paru dans le dauphiné:



On y apprend que la SAEMCARRA va investir 50.000 euros pour… Attention... Pour venir au secours... Au secours de qui ou de quoi? D’un centre équestre!
C'est pas beau ça. Un organisme chargé de loger des gens modestes qui investit l'épargne des locataires dans un centre équestre, ça ne se trouve pas tous les jours sous les sabots d'un cheval.

Et comme l’ancien gestionnaire du centre laissait un passif de 170.000 euros, la SAEM s’était aussi engagée à… récupérer les chevaux. Et pour faire bonne mesure, la société d’économie mixte s’engageait également à payer les salaires du personnel y compris celui du nouveau et jeune directeur.
Mais qui était donc ce talentueux jeune homme qui pose aux côtés du Zéro-Dord?.
Bof, juste le fils du directeur de la SAEMCARRA, lequel était aussi, en passant, l’ancien adjoint de Zéro-Dord aux finances de la Ville. La famille, quoi!

Et tout cela financé par les loyers des braves locataires qui bientôt allaient se retrouver avec un nouveau bailleur (la Sollar) qui, bien sûr, augmenterait leurs loyers.

Reste une question: est-ce que dans cette étrange affaire il est seulement question d'incompétence ou doit-on y voir des éléments bien plus troublants et donc plus graves ou compromettants? N'allons surtout pas croire cela. Et pour cause:
Informées de ces curieux exploits les présumées "autorités de contrôle", tant judiciaires qu'administratives, n'ont même pas levé un sourcil. C'est bien la démonstration que tout cela était normal, non?

En attendant, si  la Ville d'Aix-les-Bains possédait encore le-dit patrimoine de 250 logements sociaux rénovés
en cette année 2023, ce patrimoine s'élèverait facilement à près de 30 millions d'euros. Cela aurait pu constituer un bel investissement susceptible de s'avérer fort utile  en cas de difficultés financières toujours à redouter. Au lieu de cela, l'argent de la cession de la SAEM a été englouti dans les dépenses courantes et pas toujours opportunes.

Bref, Zéro-Dord a encore retranché 30 millions d'euros du patrimoine aixois, ce sera la seule conclusion à tirer de cet épisode.
L'addition commence à être lourde.