TOUT AVAIT SI BIEN COMMENCÉ


La jeune France avait vu le jour en 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale. Elle n'avait officiellement été déclarée qu'un an plus tard, en octobre 1946, la nature l'ayant enfin pourvue d'une bonne constitution. Il fallait bien cela car grandir à cette époque dans un univers ravagé par quatre années de guerre était une difficile épreuve. 

La jeune France s'en sortit si bien qu'à peine âgée de 13 ans, elle devint presque adulte. Elle venait de renforcer sa constitution.

Les années qui suivirent furent les plus heureuses. France acheva de grandir, elle devint forte, elle devint belle aussi, souvent courtisée mais fière de son indépendance. On disait d'elle qu'elle avait la trentaine glorieuse. Elle était bien Gaullée. Cela ne devait pas durer.
Sur un coup de tête, elle se fia un temps à un Destin qui lui joua quelques mauvais tours et quelques mauvais airs d'accordéon.

France avait officiellement 35 ans quand elle se mit à croire à un mythe au comportement erratique à défaut d'être errant. Quatorze ans plus tard, France avait déjà pris un sacré coup de vieux. Elle s'offrit alors quelques amants pas toujours respectueux de sa santé. C'est ainsi qu'elle souffrit successivement d'une chiraquite puis d'une sarkozite aigües qui la paralysèrent à moitié, de son côté droit. Ce n'était pas bon signe.
Et surtout, ce serait bientôt son côté gauche qui la ferait souffrir. Cela, elle ne le vit pas venir sous la fausse apparence bénigne d'une hollandite que personne ne prenait au sérieux. Cette maladie préparait pourtant en secret l'arrivée d'un virus jusqu'alors inconnu, le macronius. 
Profondément atteinte, France en perdit peu à peu l'appétit de vivre. Elle s'affaiblissait de jour en jour. Elle allait tout juste atteindre ses 80 ans et elle se sentait épuisée, sans moral, sans espoir d'amélioration en dépit des docteurs Diafoirus qui pullulaient autour d'elle.

France était devenue une vieille dame usée avant l'âge. Au point que pour abréger ses souffrances, dans son entourage d'aucuns ne parlaient plus que d'euthanasie.
Pauvre France.

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