D’après la synthèse adressée aux
élus aixois, voici ce que Dominique Dord va proposer au vote du conseil municipal ce
lundi 27 mars en point n°28.
Ce kiosque, qui ne veut pas dire son nom,
a une histoire. Une étrange histoire qui remonte au 30 mai 2013. Ce jour-là un
incendie détruit l’hôtel Métropole et endommage sérieusement une bonne partie
des immeubles environnant. Quelques commerces se retrouvent ainsi sinistrés.
Une polémique s’ouvre alors, laissant entendre que la mairie n’aurait pas fait
respecter à la lettre les consignes de sécurité. Pris entre deux feux (rires),
et pour calmer le jeu, le maire ne manque pas de promesses en faveur des
sinistrés les plus revendicatifs. C’est justement l’un de ces sinistrés qui, un
an et demi plus tard, se voit autorisé à édifier un chalet en bois à
destination de commerce au lieu-dit le Petit Port, à côté du mini golf :
L’autorisation d’implanter ce chalet est d’autant plus surprenante
qu’elle est en contradiction avec la loi Littoral, laquelle interdit, dans la
bande des 100 mètres entourant le Lac du Bourget, toute construction qui n’est pas
en rapport avec les activités nautiques. A priori le commerce de gaufres
n’entrant pas dans le domaine nautique cette construction semble tout à fait
illégale. C’est pourtant ce chalet en bois, sans grand intérêt, que Dord veut
être autorisé à racheter aux enchères. Et, là, on se dit qu’il y a peut-être
anguille sous roche...
Sachant que ce chalet est implanté sur le domaine public
de la ville, qu’il a été raccordé aux réseaux (eau, égouts, électricité) aux
frais de la ville, seule la valeur d’occasion de la baraque peut être prise en
considération par la ville. Dans ces conditions, un tel chalet en bois et sa
terrasse en planches pourraient valoir quelques milliers d'euros, guère
beaucoup plus. Alors pourquoi Dord s’intéresse-t-il à sa vente aux enchères ?
En voilà une bonne question. Une question à laquelle on peut apporter un début
de réponse.
Voici deux ans, le propriétaire de ce chalet avait déjà tenté de le
vendre. Il avait même fait paraître l’annonce suivante sur le site du Bon
Coin :
Manifestement à ce prix là, 170.000 euros, si c’était une
excellente affaire pour le vendeur ce ne l’était pas pour l’acquéreur. Rappelons qu’en plus de l’illégalité de l’implantation du chalet, la
poursuite de son exploitation était subordonnée à l’accord de la collectivité,
au versement d'un loyer mensuel de 1200 euros, et sous réserve du recours des tiers. Et voilà pourquoi, en ce mois de mars
2017, ce chalet se trouve toujours à vendre.
Reste maintenant à comprendre
pourquoi Dord veut être autorisé à participer à une vente aux enchères pour
racheter une baraque dont la ville n’a pas un véritable besoin ou dont elle
pourrait acquérir l’équivalent à neuf sans écorner son budget ? En
retournant le problème dans tous les sens, on n’y voit qu’une
explication plausible : pouvoir assurer au vendeur un prix confortable. C’est très
facile avec les enchères. Il suffit de trouver un enchérisseur bidon qui fasse
monter les prix jusqu’au maximum autorisé à l’enchérisseur de la ville, en
l’occurrence le maire ou sa personne de confiance, et le tour est joué.
On peut
d’autant moins exclure cette éventualité qu’un précédent fâcheux est là pour
nous rappeler ce que valent les promesses de Dord. Ainsi, en 2010, Dord avait
été autorisé par le conseil municipal à débourser jusqu’à 4 millions d’euros pour
acquérir les Thermes Nationaux Chevalley. Il s’y était engagé. Mais au jour de
la vente aux enchères, il avait limité l’offre de la ville à 1 euro symbolique.
Et c’est Valvital qui l’avait emporté avec seulement 3 millions d’euros, soit un million de moins que
le plafond autorisé à Dord.
Ce que Dord a été capable de faire en 2010 dans un
sens il saurait le faire dans l’autre en 2017. Voilà pourquoi, à la place des
élus, on s’opposerait lundi à la participation du maire à cette vente aux
enchères. Au pire, on fixerait le montant plafonné à 10.000 euros. Dix mille
euros pour une baraque en planches d’occasion, ce serait encore un bon prix.
Et
surtout, en ces temps de défiance envers une classe politique que le public
soupçonne de s’en mettre plein les poches (ou celles de leur famille ou de
leurs copains) cela éviterait que quelque malveillant puisse subodorer que le
député-maire aixois ait voulu faire un cadeau à un vendeur à qui il aurait
beaucoup promis.