Tel le dieu des commencements et des fins...
On a beau chercher des explications qui ne relèveraient que du bon sens on n'en trouve pas. On n'en trouve pas pour expliquer comment Dominique Dord quand il vend où qu'il achète des biens immobiliers pour le compte de la collectivité publique c'est toujours dans les pires conditions financières. On l'explique d'autant moins que Dord s'est montré particulièrement avisé quand il s'est agi de ses propres (?) affaires immobilières. Et des affaires immobilières personnelles on en dénombre de très nombreuses réalisées par l'ex-député maire en moins de 20 ans de carrière politique.
En voici un résumé pas forcément exhaustif:
1) A peine élu député en 1997 (avec le notaire Giroud comme suppléant) via une société civile immobilière (SCI D-G) il acquiert au centre de Chambéry un immeuble de bureaux dans lequel il va non seulement loger sa propre permanence mais aussi accueillir (moyennant un loyer) d'autres élus régionaux de son camp. Un bel immeuble de rapport pour lequel il percevra des loyers... payés par les contribuables via l'IRFM. (voir édition précédente).
2) Dans la même période, se sentant une certaine attirance pour Aix-les-Bains, il y achète, entre la rue du casino et la rue de Genève, pour un peu plus de 100.000 euros (moins de 700.000 francs de l'époque) un vaste appartement qu'il n'habitera jamais. Cette acquisition reste néanmoins une excellente affaire puisque quelques années après il revendra ce bien 237.000 euros, soit 100% de plus-value...L'acquéreur est un promoteur immobilier local qui venait de décrocher un permis de construire afin de transformer un hôtel de la ville en appartements. Sûrement une coïncidence.
3) A peu près dans le même temps il devient propriétaire d'un local et fonds de commerce, toujours dans le centre d'Aix où il installera sa permanence locale et celles de quelques collègues politiques très proches, moyennant un loyer lui aussi financé... par les contribuables (IRFM). Encore une bonne affaire.
4) Un peu plus tard, avec son compère Giroud, et via leur SCI commune, Dord devient virtuel propriétaire d'un terrain constructible d'un demi hectare sur les hauteurs du Bourget-du-Lac. Dans la foulée, après avoir divisé le terrain, il y deviendra propriétaire en nom propre d'un lot à bâtir. Il affirmera à cette occasion au notaire avoir préalablement payé les deux tiers du prix (soit 60.000 euros quand même) "en dehors de la comptabilité du notaire". Cela figure en toutes lettres dans l'acte notarié déposé aux Hypothèques. Une curieuse méthode qui n'a pourtant étonné personne.
Peu de temps après, dans la même étude, il revendra ce même lot à bâtir à un couple d'enseignants chambériens en réalisant un bonus officiel net de 55.000 euros. Quid des 60.000 euros versés en dehors de la comptabilité du notaire et d'où provenait cet argent? On n'en saura jamais rien. Encore une belle et surprenante affaire.
5) Par la suite, avec son associé Giroud et via leur SCI, il revendra aussi les autres lots à bâtir de leur lotissement bourgetain. Avec toujours de bonnes affaires à la clé. A noter qu'une loi interdisait alors (et elle est toujours en vigueur) aux députés de monter des opérations immobilières de lotissement. Mais la loi et Dord...
6) En 2008, Dominique Dord jette son dévolu sur une jolie gentilhommière plantée au milieu d'un terrain d'un hectare sur les hauteurs de Saint-Innocent avec une vue imprenable sur le lac. Prix estimé de cette propriété, un million et demi d'euros. A noter qu'au moment de cette acquisition il est toujours propriétaire d'une très jolie maison de ville à La Motte Servolex. Cinq ans plus tard, à un revendeur immobilier intéressé, il déclarera ne pas vouloir céder sa propriété de Saint'Inn pour moins de 3 millions d'euros. La bonne affaire.
7) Une bonne affaire car D. Dord n'a pas manqué d'enjoliver cette charmante demeure. Il y a même fait construire une piscine... En oubliant de déposer la demande d'autorisation de construire qui s'imposait et avant d'être obligé de régulariser la situation.
Et si la piscine apparaît bien sur Google Maps il est impossible d'en retrouver trace sur le cadastre. Voilà qui ne manque pas de surprendre de la part d'un président de la CALB qui fixe les règles en matière d'urbanisme et les impose à tous..!
Ci-dessus: à gauche, sur une vue du terrain d'après Google Maps on aperçoit la piscine. A droite, sur un relevé cadastral récent, toujours pas de piscine!
8) Enfin, mais sans doute pas à la fin, en 2018 il a fait l'acquisition d'un petit terrain jouxtant sa propriété saintinnoise. Sur une parcelle de ce terrain il a fait détruire une maison en ruine pour la remplacer, soi-disant à l'identique, par une villa moderne. Une bonne affaire en vue.
9) Quant au reste du terrain il vient de le lotir en trois parcelles constructibles qui seront mises en vente. Encore de bonnes affaires en perspective.
A l'exception de celles que l'on qualifie de bananières, on ne voit pas dans quelle autre république un parlementaire financé par les deniers publics aurait pu aussi bien marier une activité politique ininterrompue avec une telle carrière immobilière privée.
Bonus privés, malus publics, c'est l'as/désastre!
Par surcroît, quand on regarde le parcours immobilier de Dominique Dord, force est de constater que cet homme est un as de la promotion immobilière mais seulement dès qu'il s'agit de ses affaires personnelles.
Car quand on s'arrête un instant sur les affaires immobilières qu'il a eu à connaître dans son domaine public on constate que l'as a laissé la place au désastre.
C'est quand même sous sa direction que la Ville a cédé pour 270.000 euros les 1.100 mètres carrés de locaux et la centaine d'emplacements de parkings (en partie couverts) de la Cité de l'Entreprise. L'immeuble avait coûté plus d'un million d'euros dix ans plus tôt à la collectivité aixoise. A noter que l'acquéreur choisi par le maire Dord était un client de Me Giroud, le notaire associé et le suppléant du député Dord. Ah, les coïncidences !
En 2008, sous son influence, la CALB va racheter au fin fond de La Chambotte et pour 1,2 million d'euros des ruines que les Domaines venaient d'évaluer à 1 million d'euros, les mêmes ruines qu'un expert agréé avait estimées, lui, à 230.000 euros cinq ans plus tôt. Encore une coïncidence, le vendeur qui a profité de cet exploit était aussi un client de... Me Giroud.
Dord a également décidé de vendre près d'un hectare de terrain constructible proche du centre ville (les anciens Ateliers municipaux) à 22 euros le mètre carré. Le terrain à bâtir dans le coin se négocie aujourd'hui au moins quinze fois plus cher. L'un des bénéficiaires de cette vente était celui qui lui avait vendu son premier appartement aixois. Peut-être une autre coïncidence.
Et que dire de ces beaux terrains à bâtir des bords du lac, avec vue sur celui-ci, cédés à un promoteur marseillais pour 80 euros le mètre carré alors que pour trois fois ce prix on ne trouve plus le moindre terrain constructible à des kilomètres à la ronde.
Des fiascos immobiliers publics on en passe et des pires, car la liste des malencontreuses affaires foncières réalisées sous Dord au détriment de la la collectivité serait fastidieuse. Pour aboutir jusqu'à cette ultime vente au consortium Bouygues-SAS pour 1,2 million d'euros du bâtiment des Anciens thermes dans lesquels la collectivité aixoise aura bientôt dépensé en pure perte plus de 20 millions d'euros.
La question reste donc posée: pourquoi Dord a-t-il toujours tiré le plus grand profit de ses acquisitions immobilières personnelles et pourquoi sous son influence la collectivité y a-t-elle souvent sinon toujours laissé des plumes?
En attendant une réponse à cette question, l'as-désastre va-t-il continuer longtemps d'asséner des leçons à tout le monde en toute impunité?
NDLR: Tous les références visées supra ont été sérieusement vérifiées. La loi française ayant prévu la publicité des opérations foncières, elles ne relèvent en rien de la vie privée. Une partie de ces information est tirée d'un numéro spécial du magazine AIXaspérant et n'a jamais fait l'objet du moindre démenti.